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Courrier des théâtres

Le Figaro – Vendredi 12 janvier 1872

Il n’y aura pas d’apothéose !

– Où ça ?

– Dans le Roi Carotte, parbleu !

La chose vient d’être décidée avant-hier.

L’apothéose était toute prête. Il y avait, au milieu de feux de Bengale, des grappes de femmes suspendues et aussi peu vêtues que possible.

Quand les auteurs ont retrouvé là ce qui a été fait tant de fois, ils ont, d’accord avec M. Boulet, renoncé à cette orgie de lumières, de paillons et de chair féminine.

La pièce finira tout simplement par une chose bien imprévue le mariage de Fridolin et de Rosée-du-Soir.

Mais ces noces auront pour couronnement un chœur final qui doit être de toute beauté.

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Autre changement.

Vous vous rappelez sans doute que, dans une lettre adressée à M. Jouvin, M. Sardou annonçait comme une innovation que, pour ne pas fatiguer les spectateurs, et surtout pour empêcher les amis de blaguer dans les couloirs, il n’y aurait que deux entr’actes, le Roi Carotte ayant seulement trois actes.

Eh bien tout est modifié.

Le second acte durait près de deux heures et demie. Il était interminable.

On a craint, – et l’on a eu bien raison, – d’imposer au public un trop long séjour sur son fauteuil ou dans sa loge, quelles que fussent les merveilles dont on récréât ses yeux..

L’acte a été coupé en deux.

Et voilà comment il y aura trois entr’actes.

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Ce n’est pas ce soir jeudi, comme on l’espérait, mais bien demain vendredi qu’aura lieu la grande, grande, grande répétition générale.

Toute la presse n’y assistera pas, beaucoup de journalistes ayant demandé que le service leur fût maintenu pour la première représentation – samedi.

Mais, malgré cela, la salle sera comble. On ne se doute pas de combien de milliers de demandes de billets ont été assaillis MM. Sardou, Offenbach et Boulet.

C’est au Champ-de-Mars que cette répétition aurait dû avoir lieu.

Et encore, il serait resté dans les Champs-Elysées une queue de spectateurs qui n’auraient eu d’autre consolation que de se retourner vers Guignol.

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Il est impossible que l’Opéra-Comique fasse également passer Fantasio samedi 13.

Cet opéra serait alors représenté lundi ou mardi au plus tard.

Et, à peine débarrassé de ces deux ouvrages importants. M. Offenbach lirait son Corsaire noir aux artistes des Variétés.

De son côté, M. Sardou pourra enfin consacrer toutes ses après-midi à sa comédie du Vaudeville, Rabagas.

Pour des auteurs que l’on s’arrache, en voilà deux qui vont bien.

Jules Prével.

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