COURRIER DE L’ITALIE.
Turin, samedi soir 5 février.
Mon cher Lafargue,
Voilà neuf ou dix jours que Magnard et moi nous avons quitté Paris pour Nice. Si je ne vous ai pas écrit plus tôt, c’est qu’il est doux de ne rien faire, et que je n’ai rien trouvé qui fût particulièrement intéressant pour votre Courrier des théâtres.
A Nice, l’autre jour. mademoiselle Schneider faisait ses préparatifs de départ. Elle a dû, en retournant à Paris, s’arrêter à Cannes, où avaient lieu des courses. Dès son retour, elle va se mettre aux études du Petit Faust, qu’elle chantera cet été en Angleterre. Qui sait si les journaux parisiens n’enverront pas des rédacteurs à Londres pour raconter comment la ravissante diva chante à son tour la cascadeuse, Marguerite d’Hervé ?
Mademoiselle Honorine donnait au Théâtre-Français des représentations de la Mariée du Mardi-Gras, de Monsieur Garat, etc.... Le lendemain de ces soirées, mademoiselle Rose Bell chantait la Grande-Duchesse – après Schneider !...
(...)
Maintenant, voulez-vous men avis sur le merveilleux voyage que nous faisons ? Je vous dirai comme Léonce, dans les Brigands :
Si c’était à refaire,
Je le referais...
V’là mon caractère !...Mon caractère... et celui de Magnard, car nous sommes enchantés tous deux de visiter cette intéressante partie de l’Italie.
Bien à vous,
Jules Prével.
Gustave Lafargue.