La répétition générale de la Chatte blanche a eu lieu ce soir à la Gaîté.
Personne dans la salle, sinon les représentants de la commission d’examen, M. Charles Comte, qui représente Offenbach souffrant ; M. Victor Koning, qui représente les auteurs, et un rat, bien gras, qui circule aux fauteuils d’orchestre et représente les hôtes ordinaires des dessous de la Gaîté.
La Chatte blanche est une féerie quatre ou cinq fois centenaire qu’on a toujours reprise, avec succès, à la Gaîté, et qui, cette fois encore, ne faillira pas à sa réputation.
D’ailleurs on est resté fidèle aux traditions de la maison : on a monté la féerie des frères Cogniard avec un luxe et un goût... je cherche l’adjectif. Faut-il mettre sans précédents ? Non, car c’est la formule ordinaire employée pour les pièces de ce genre – mettons : inouïs et n’en parlons plus.
(...)
La répétition a marché comme si l’on avait joué la pièce depuis deux mois et cependant la Chatte blanche a beau être la féerie la plus jouée de la Gaîté, pour le personnel de M. Offenbach c’est du nouveau.
Au moment où je quitte le théâtre – minuit – on commence le troisième acte.
C’est Angèle qui personnifie la fée des bruyères. Elle est jolie à ravir dans un costume qui est la négation du costume.
– Elle n’a point de manches, s’écrie Petipatapon en la voyant, elle n’a point de jarretières non plus !
Le fait est qu’il est plus facile de raconter ce qu’elle n’a pas que de dire ce qu’elle a.
Cependant, il m’a paru qu’Angèle jouait les fées sans conviction.
Ce n’est pas comme Mlle Mariani, la fée de toutes les féeries passées, fée de naissance, fée par vocation.
On lui demandait, après la lecture du Roi Carotte, à la Gaîté, quel rôle elle allait jouer dans la pièce nouvelle.
– Une fée parbleu !
– Encore ?
– Oh mon cher, mais une fée faite par Sardou, une fée qui a un caractère, une fée prise sur le vif !
Un monsieur de l’orchestre.