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La Soirée Théâtrale

Le Figaro – Dimanche 18 mai 1879

HORRIBLE CATASTROPHE !...

Ce matin, à l’heure de l’ouverture des kiosques à journaux, un bruit formidable et tel qu’on n’en avait pas entendu depuis l’explosion de la rue Béranger a causé dans tout Paris une émotion indescriptible.

Toute la population, affolée, se demandait avec effroi ce qui venait d’arriver. Mille suppositions lugubres étaient mises en avant les uns affirmaient que M. Lepère venait de sauter ; d’autres prétendaient que la capsulerie militaire du Châtelet avait fait explosion.

Rien de tout cela n’approchait de l’horrible vérité. Il s’agissait, hélas d’une catastrophe qui dépasse tout ce que l’imagination peut concevoir.

Les illusions des deux mille six cent trente et un candidats à la direction de l’Opéra venaient de s’écrouler avec fracas.

La nomination de M. Vaucorbeil, en devenant officielle, avait provoqué ce terrible effondrement.

(...)

Au moment où les travailleurs venaient de retrouver cette dernière victime, un homme en proie à une exaltation extraordinaire, fend la foule en s’écriant :

— Sauvez-le !... il doit être là... Une loge pour Madame Favart à qui me rendra Cantin !

Cet homme, dont le désespoir est si navrant, c’est Blandin, Blandin, l’élève, le fidèle associé et le futur successeur du directeur des Folies-Dramatiques.

Les recherches continuent avec un redoublement d’activité.

Mais hélas, il est trop tard. On ne retrouve qu’un candidat inanimé.

Cantin n’est plus ! Le malheureux père de la Fille de Mme Angot a cessé de vivre. Au moment où l’on se dispose à transporter ses restes rue de Bondy, le défunt se montrant encore aussi habile administrateur que de son vivant, ouvre la bouche pour faire entendre cette recommandation suprême :

— Surtout pas plus qu’une sixième classe !

. . . . . . . . . . . . . . . .

Nota-bene. – Pour établir l’authenticité des renseignements qui précèdent, il suffira de dire qu’ils m’ont été fournis par la personne même qui, dans la France d’hier, affirmait que l’Etat allait réclamer, à M. Halanzier, la bagatelle de deux millions, pour solde de tout compte.

Un Monsieur de l’orchestre.

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