Mon cher de Villemessant,
Ce que vous me demandez là, m’épouvante. Ce carnet, écrit au jour le jour, n’était pas destiné à la publicité. Je ne suis pas aussi sûr que vous de l’intérêt qu’il peut offrir au public, et je n’en prends pas la responsabilité.
Je vous envoie donc mon herbier : prenez dans toutes ces fleurs sèches ce qui vous conviendra. Evitez les occasions où j’ai parlé de mes succès, surtout celles où je n’ai pas été content de moi : ça vous mènerait trop loin.
Tout à vous,
G. ROGER [1].
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Samedi 24 avril 1847. Dîné avec madame Talma : nous sommes allés au concert d’Offenbach, à la salle Moreau-Sainti. Fort belle réunion. Goria a joué dans la perfection ; de même que Dorus. Tant de finesse et de variété avec un instrument aussi borné ! Entendu l’Alcôve, opéra-comique d’Offenbach et de Déforges ; avec un peu d’inexpérience, il y a des choses charmantes. Offenbach est un garçon qui ira très loin si on ne lui ferme pas les portes de l’Opéra-Comique : il a une persévérance du diable et de la mélodie.
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G. ROGER.