Une grande nouvelle !
Hier soir, à neuf heures, nous passions rue Laffitte, lorsque, à la hauteur du n° 5, nous rencontrâmes deux personnes qui marchaient d’un pas rapide, se glissant mystérieusement le long des maisons.
Nous reconnûmes M. Boulet, directeur de la Gaîté, et M. Emile Taigny, son régisseur général.
Dans notre quartier, à pareille heure !… Qu’est-ce que cela signifiait ?
Nous suivîmes ces deux personnages, et notre étonnement augmenta quand, au moment où ils s’arrêtèrent pour sonner à la porte du n° 11, où demeure M. Offenbach, ils furent rejoints par une troisième personne qui leur serra la main sans mot dire.
Ce nouveau venu… c’était Victorien Sardou !
Le trio disparut derrière la lourde porte cochère.
. . . . . . . . . . .
A onze heures, tout était fini ! Les signatures de MM. Sardou, Offenbach et Boulet venaient d’être apposées au bas d’un traité par lequel la Gaîté jouera, le 15 octobre 1870, un grand opéra-bouffe-féerique en trois actes et vingt tableaux de MM. Sardou et Offenbach.
Hein ! quelle belle première représentation !
Jules Prével.