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Courrier des théâtres

Le Figaro – Mardi 29 décembre 1874

M. Jacques Offenbach a reçu hier la lettre suivante :

« Mon cher Directeur,
Après avoir lu la lettre de notre auteur, il ne me reste plus qu’à vous prier de bien vouloir classer le contrat qui me garantissait cent représentations dans le casier des batailles perdues, je tiens à honneur de figurer dans celle-ci.
Votre artiste et ami
H. LAFONTAINE. »

On appréciera la délicatesse du sentiment qui a guidé M. Lafontaine dans cette circonstance, mais de la part d’un artiste tel que lui, elle n’étonnera personne.

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L’accueil un peu froid fait à la Haine nous rappelle un fait analogue qui s’est passé il y a quelques années à la Porte-Saint-Martin.
On se plaignait de ne voir sur cette scène, dirigé alors par Marc Fournier, que des féeries, et l’on appelait la Porte-Saint-Martin : Le Théâtre du Pied de mouton.
Marc Fournier monta Faustine, de Bouilhet ; cette œuvre splendide, avec une merveilleuse mise en scène, eut un immense succès de première. – Mais le public ne vint pas et Faustine fut retirée de l’affiche après quelques représentations infructueuses.
Perte sèche : plus de cent mille francs.
L’on reprit alors le Pied de Mouton, et les recettes atteignirent le maximum.

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Pour moi la Haine n’a pas dit son dernier mot : dans quelques années, les idées auront peut-être un autre courant et le drame de Sardou fera aussi le maximum des recettes pendant longtemps.
Encore un exemple qui nous inspire cette prédiction :
Pendant quinze ans, quand on jouait Hernani, on faisait généralement six et huit cent francs. Sous l’empire, à la reprise du drame de Victor Hugo, on encaissait chaque soir plus de six mille francs.

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Ce soir et demain mardi, les deux dernières représentations de la Haine à la Gaîté.
Mercredi, relâche et jeudi, reprise d’Orphée aux Enfers : On peut ajouter reprise éclatante car Offenbach a voulu renouveler le succès d’Orphée par une attraction des plus intéressantes.
C’est Mme Peschard qui chantera le rôle d’Eurydice et Mme Théo celui de l’Amour. Cela vaut bien dix tableaux nouveaux, et le maestro sait bien ce qu’il fait.
Gustave Lafargue.

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