La belle journée d’hier a fait quelque tort aux matinées. (…)
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Après dîner, c’est une autre fête. Nous voici aux Italiens, ou le père du jeune directeur du théâtre-Lyrique donne sa représentation de
retraite. (…)
C’est à minuit que commencent les Deux Aveugles, joués par Capoul, Christian et Laferrière. Qui n’a pas assisté à l’entrée de Capoul sous les haillons et l’ignoble figure de Giraffier ne peut se figurer le cri d’horreur qui s’est échappé des lèvres de toutes
les femmes ! Le beau, le tendre, le mélancolique, l’amoureux ténor venait de s’envoler ! A sa place, un être hideux, sordide, dépenaillé, à la figure couperosée, le nez souligné par une virgule noire ou coule
un ruisseau de tabac, quelle désillusion !… Adieu, les rêves étoilés !…
Mais Capoul s’est bientôt mis au ton gouailleur de Christian-Patachon ; il a accompli si gaiement ce tour de force, que les spectatrices ont fini par lui pardonner cette espièglerie d’enfant gâté. (…)
Jules Prével.