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C’est donc samedi matin que le roi de Prusse fera son entrée dans la ville d’Ems, embellie par tous les barons Haussmann de la province de Nassau, et depuis plusieurs jours déjà il ne resté plus un lit dans les hôtels ; l’invasion d’Ems rappelle, en ce moment, vaguement l’état de la ville de Paris depuis l’ouverture de l’Exposition. La moindre chambre dans les hôtels coûte un prix insensé ; tout est augmenté, excepté la comptabilité de nos amis du Kursaal, qui payent comme par le passé dix-sept florins pour une pièce à cheval et trente-cinq florins pour un plein.
Parmi les curiosités d’Ems qui s’imposeront à l’admiration du roi de Prusse, j’ai oublié de mentionner Jacques Offenbach, qui produit le meilleur effet dans le jardin du Kursaal. La première représentation de son opéra-comique nouveau est fixée à mardi prochain, et déjà toutes les places sont louées par le public le plus élégant, qui désire voir Offenbach au pupitre de chef d’orchestre, courber son front, chargé de lauriers, sous les applaudissements, d’une tête couronnée. Avant mon départ, je prierai Offenbach de nous envoyer une dépêche après la première représentation, et je me plais à croire que le maestro, toujours indulgent, ne s’éreintera pas, trop dans le Figaro.
Albert Wolff.