La Gaîté a pris la Chatte blanche. On fait positivement des miracles à la Gaîté. J’ai déjà dit avant-hier, à propos de la répétition générale, que la féerie des frères Cogniard, bien que jouée pendant une année et plus sous la direction Boulet, était pour le personnel de M. Offenbach une féerie nouvelle.
(…) Eh bien ! la Chatte blanche a été montée en vingt et un jours. En vingt et un jours on a appris les rôles, la musique, les chœurs, réglé les ballets, brossés les décors, installé les trucs, et la féerie a marché ce soir comme peu de féeries ont marché un soir de première.
Ce n’est pas le premier tour de force qu’on ait accompli chez M. Offenbach. La reprise d’Orphée a été préparée en un seul jour, celle de Jeanne d’Arc en 4 jours, enfin Geneviève de Brabant a été montée en 45 jours.
(…) La veille de la dernière répétition générale, il a fallu débarrasser à la hâte le théâtre de tout le matériel de Geneviève de Brabant. Et ce n’était pas une mince affaire, que ce déménagement. Tous les accessoires du tableau des Prodiges de la locomotion, principalement, étaient d’un emballage peu commode. Pour ne pas les endommager, on s’est décidé à les conduire tels quels au magasin de décors. Au milieu de la nuit, les chars antiques, les vaisseaux, la locomotive, sortaient par la porte de la rue Réaumur, traînés par des machinistes qu’accompagnaient des gamins portant des torches. Il fallait voir la tête des bons bourgeois attardés, à la vue de cet étrange cortége. Ils ne comprenaient rien à cette mascarade d’un nouveau genre.
(…) J’ai parlé des décors et de la mise en scène ; les nouveaux interprètes de la Chatte blanche méritent également des éloges, Thérésa a retrouvé, dans le rôle de Pierrette, le succès de ses plus beaux soirs ; Montaubry a fort agréablement chanté une romance nouvelle d’Offenbach – paroles de Victor Koning ; Daubray a interprété avec beaucoup de fantaisie le rôle obligé de souverain cocasse sans lequel il n’y a pas de bonne féerie. (…)
UN MONSIEUR DE L’ORCHESTRE.