Théâtre de la Renaissance. – La Filleule du Roi, livret de MM. Cormon et Raymond Deslandes, musique de M. Vogel.
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Le défaut d’une partition qui ne compte pas moins de dix-huit morceaux, dont la plupart ont de très longs développements, c’est l’absence de toute personnalité chez le musicien. Ces trois actes démesurés de M. Vogel sont la confusion des deux genres l’opéra et l’opérette, moins la légèreté de celle-ci, moins l’originalité de celui-là. M. Vogel a emprunté au genre de l’opéra-comique ses coupes et ses formules, et il n’a pas eu le secret de les rajeunir. Sentant, d’un autre côté, la nécessité pour lui de se placer sur le terrain de l’opérette où l’entraînaient ses collaborateurs, il s’est efforcé de son mieux – et je crois en faisant violence à son tempérament d’artiste qui devait y répugner – à se livrer, tout comme un autre, à la cascade musicale. Il a ri sans envie, extravagué à froid, gambadé sans élasticité dans les jambes. Connaissez-vous quelque chose de plus lugubre qu’un homme sérieux puisant dans l’ivresse les excitants d’une gaieté factice ! Se trompant de verre, M. Vogel a vidé celui d’Offenbach pour écrire le final du second acte, qui a rappelé aux auditeurs un motif de Geneviève de Brabant devenu populaire, et sur lequel le public, chantonnant et piétinant, a exécuté la sortie de l’entr’acte.
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Bénédict.