Depuis le Vaudeville, où Dora fait le maximum avec une régularité chronométrique, jusqu’au Cirque d’Hiver, où la Vie parisienne en miniature attire toujours un monde fou, presque tous les théâtres du boulevard tiennent un succès, et, les jours gras aidant, il est
à peu près impossible d’y trouver la moindre place. Les ouvreurs vous offrent, avec une tenacité agaçante, un strapontin contre la porte d’entrée. Il y a des spectateurs qui ont la naïveté de l’accepter. Moi, je vais passer ma soirée aux Folies-Dramatiques, où l’on répète
généralement la Foire Saint-Laurent.
Notez, je vous prie, que la répétition générale de ce soir est la cinquième, ce qui est assez joli dans un théâtre où l’on n’a pas l’habitude de prodiguer les relâches.
M. Cantin s’était juré de n’en faire que trois.
– Nous faisons relâche lundi, avait-il dit à Offenbach, nous répétons généralement mercredi et nous passons jeudi !
– C’est trop tôt avait répondu Offenbach. Il faudrait répéter généralement jeudi et ne
passer que vendredi
M. Cantin ne répliqua rien, mais – suivant son idée – il convoqua MM. les censeurs mercredi soir.
Ce qui fait que, ce soir-là, au lieu d’une bonne répétition de travail on fit une mauvaise répétition d’ensemble. Il fallut, le jeudi, au lieu de jouer comme M. Cantin l’eût voulu, se livrer à un travail supplémentaire et se décider à donner aujourd’hui une seconde répétition en costumes.
Il y a très peu de monde à cette répétition : quelques journalistes, la famille du maestro, des amis de la maison, voilà tout.
Pendant qu’on joue, je vois M. Cantin qui change de place à chaque instant. Tantôt il monte au balcon, tantôt il s’assied dans une loge, tantôt on le voit aux galeries supérieures.
C’est ainsi que le directeur des Folies s’y prend pour se rendre compte des effets de sa pièce. Quand une scène l’a amusé un soir à l’orchestre il va la revoir au paradis. Si elle l’y amuse autant, il se retire satisfait en disant :
– Elle plaira à tout le monde, aux grandes places et aux petites !
(…)
Un Monsieur de l’orchestre.