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Il faut peut-être attribuer à cette crainte de « gonflement » le départ précipité par l’escalier de service des Tuileries, de l’archiduc Albert et l’arrivée inattendue au grand hôtel d’un personnage en costume de cour (quoiqu’il fut écarlate) au beau milieu de la « petite fête » offerte par Offenbach à ses artistes et amis.
Tandis que l’étranger envahissait le quadrille et dansait une gigue folichonne avec madame Thierret, j’ai entendu son valet de pied demander une grande faveur au chef du Grand-Hôtel.
Cette faveur inespérée était l’obtention du menu du souper.
Nous avions des collectionneurs de médailles, de potiches, de livres et de tableaux, voir même de décorations, d’autographes, eh bien le maître de ce valet empressé n’était autre qu’un collectionneur de menus ! – Disciple de Brillat-Savarin, qu’il sait par cœur, cet original a pour suprême préoccupation de bien faire son dîner, et pour exceller dans cet art qui dégénère tous les jours, il se procure – à tous prix – toutes les cartes des dîners ou soupers à sensation !
Ses tiroirs regorgent de menus classés chronologiquement, le menu d’Offenuach portera le numéro 1713, et vient exactement après celui du dernier souper du château impérial.
On ajoute qu’il joint en marge de ces menus les noms et qualités des convives et qu’il a déjà tracé dans sa collection ces lignes étranges dessous les menus de mercredi soir.
« Fête des Tuileries : reine du bal l’Impératrice ; Deveria-Roxane ; roi de l’esprit ; Désiré- Ernest de Jupiter, etc. »
Puis à la suite : « Même soir, fête en l’honneur de la princesse de Trébyzonde [1] et des Brigands : reine du bal, Impératrice Eugénie ; roi de l’esprit, l’archiduc Albert qui est parti... avant le cotillon ! »
Cet élégant et spirituel collectionneur – que toutes les dames des Bouffes ont pris pour le prince autrichien déguisé en Xavier Aubryet – a eu les honneurs de la soirée – il nous a avoué que le souper des Tuileries n’a pas été si chaudement servi (malgré l’encombrement) que celui du maestro allemand.
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Don Quichotte.
