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Arts, sciences et littérature

L’Indépendance belge – 1er mars 1870

ALCAZAR ROYAL.Les Brigands, opéra-bouffe en trois actes de M. Offenbach. L’opérette est décidément le genre classique et préféré du public bruxellois. Un seul théâtre ne suffit plus à l’exercice de cette religion nationale. L’Alcazar, à son tour, se livre au culte des grandes partitions du maître Offenbach. On nous disait : il y a opérette et opérette, et il faut apporter à l’exécution de ces œuvres-là un art particulier. Mais voilà le difficile : il n’est pas permis à tout le monde d’aller à Corinthe, il n’est donné qu’à un seul théâtre de mettre l’opérette dans son cadre et dans son jour.

Il paraît que les difficultés de cette prodigieuse entreprise : bien monter et bien chanter une pièce de M. Offenbach, sont moindres qu’on ne le prétendait. Du moins, l’Alcazar vient-il de les surmonter. Nous en sommes charmé pour le public, qui pourra varier ses plaisirs en les trouvant également respectés en deux scènes voisines.

L’Alcazar, du premier coup, a usé vaillamment de toutes les armes qui peuvent assurer de telles victoires. Il a eu des décors nouveaux et pittoresques, des costumes très brillants et très nombreux, des chœurs excellents, et des acteurs qui marchent avec ensemble et vivacité. Ce sont là des ressources. Il fallait compter sur le succès pour oser les rassembler. Mais le succès est venu, et l’audace de l’Alcazar, par conséquent, a été prévoyante.

Le livret des Brigands est d’une gaieté assez tranquille. Cette parodie des Robert chef de brigands et de Fra-Diavolo n’est pas d’une fantaisie très-piquante. Quelques intentions, çà et là, sont assez plaisantes, mais la chose, au demeurant, n’est pas d’une originalité ni d’une folie véritables.

Heureusement, M. Offenbach réchauffe tout cela des sons de sa musique. L’auteur de la Belle-Hélène a mis quelques-uns de ses morceaux du bon coin dans les Brigands. La partition – c’est une partition – est très volumineuse et bourrée de couplets, de duos et d’ensembles. On peut en prendre et en laisser, et il y en a pour tous les goûts. Petites ariettes jolies et grands chœurs bouffons, le maître a rassemblé là ses moyens les plus sûrs. Nous, qui prisons fort la manière leste et agréable de M. Offenbach, à condition qu’on la laisse à son rang, nous avons goûté, dans les Brigands, bon nombre d’inspirations spirituelles et vivantes.

L’Alcazar, encore une fois, a fait les choses le mieux du monde. Le spectacle est très riche, et les yeux ne sont pas moins satisfaits que les oreilles. La pièce est enlevée heureusement. Et voilà le nom nouveau de l’Alcazar : Théâtre des Fantaisies Parisiennes, inauguré avec éclat.

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