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La Soirée Théâtrale – Les trente millions de Gladiator

Le Figaro – Samedi 23 janvier 1875

M. Bertrand est bien heureux ce soir, il joue un vaudeville et, depuis que son théâtre est envahi par l’opérette, jouer le vaudeville est le rêve de M. Bertrand. Pourtant si la pièce de ce soir ne contient pas une noter de musique, c’est bien par hasard.

À l’origine les Trente millions de Gladiator devaient être une opérette dont Offenbach avait promis d’écrire la musique.

Comme Labiche n’a jamais, que je sache, écrit que des vaudevilles et des comédies, M. Bertrand lui proposa de lui adjoindre Gille pour traiter la partie musicale.

Labiche accepta avec empressement.

Rendez-vous fut pris par les deux futurs collaborateurs. Ils firent d’abord le scénario de la pièce, sans avoir ensemble la moindre discussion. Mais quand il fallut aborder la question de détails ils se trouvèrent divisés en deux camps différents et contraires. Labiche poussait de toutes ses forces du côté de la comédie, Gille défendait non moins énergiquement les droits de l’opérette.

– Ici, nous aurons une grande scène d’intrigue, disait le premier.
– Non, répondit Gille, nous ferons une introduction et des couplets pour Dupuis.

À la fin, Gille se laissa faire une douce violence et les deux auteurs accouchèrent heureusement du vaudeville que l’on représente aujourd’hui.

Restait à annoncer la chose à Offenbach. Ils se rendirent chez le maëstro qui attendait impatiemment son opérette et lui remirent le manuscrit.

Offenbach, qui mettrait le code de procédure en musique, déclara lui-même qu’il n’a avait pas dans ces quatre actes prétexte à la moindre double-croche.

Et voilà comment, tout en ayant fait l’affaire, l’auteur d’Orphée aux Enfers, s’en est trouvé exclu. Mais il s’en est consolé. – Heureusement, a-t-il dit, j’espère que M. Bertrand voudra bien me confier un autre livre.

Pauvre Offenbach ! (…)

UN MONSIEUR DE L’ORCHESTRE.

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