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Nouvelles des théâtres lyriques

Revue et gazette musicale de Paris – 16 juin 1867

Les répétitions de l’opéra d’Offenbach, Robinson Crusoe, se poursuivent activement, afin qu’il soit à peu près su pour la fin de ce mois, époque à laquelle Montaubry prend son congé. A son retour, en août, les études seront reprises à l’orchestre, de façon à ce que la pièce puisse être donnée au plus tard en septembre.

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M. le comte de Bismark assistait mardi, au théâtre des Variétés, à la représentation de la Grande-Duchesse de Gerolstein. M. de Bismark a beaucoup ri du plan de campagne du général Boum, et s’est fort amusé pendant toute la soirée.

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On lit dans l’Indépendance belge du 12 : « La Grande-Duchesse de Gerolstein en est à sa douzième représentation, et le succès de la dernière œuvre d’Offenbach s’est plus que jamais affirmé devant les salles combles de dimanche et de lundi. Il n’y a qu’une voix dans le public pour acclamer la partition et son exécution à Bruxelles. »

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D’un autre côté, on lit dans le Guide musical de Bruxelles, à propos du succès qu’obtient au théâtre des Galeries Saint-Hubert la Grande-Duchesse de Gerolstein : « La partition de la Grande-Duchesse est de l’Offenbach des bons jours ; elle porte l’empreinte de sa griffe, griffe de chat : souplesse, légèreté, rons-rons gracieux et bondissements. Il exploite et met en oeuvre, avec une facilité prodigieuse et une rare habileté, les filons précieux que sa ténacité et son labeur persévérant ont su ouvrir dans ce genre épuisé, languissant. Le premier acte tout entier est un emporte-pièce : les couplets d’entrée de la grande-duchesse, d’un dessin si fin ; la chanson du régiment, pastiche très-coloré d’une formule à la mode ; les couplets du prince Paul, une ariette toute française par l’accent et le tour mélodique ; les couplets du Sabre, enfin, qui marquent leur rhythme piquant sur un dessin obstiné d’orchestre et une joyeuse fanfare du clairon, ces couplets, la meilleure page du finale, qui est lui-même un des meilleurs ensemble qui soient sortis de la plume du musicien. Ce finale, dans son petit cadre, est tracé, conduit, troussé de main de maître. Que j’en connais des maîtres, — et des meilleurs,— qui ont échoué, toujours échoué, devant l’établissement et la construction de ces machines musicales et dramatiques qu’on appelle un finale d’opéra : il y faut ce que possède ce diable d’homme, cet ennemi de la musique, ce corrupteur du goût, il y faut l’instinct du mouvement, la science de la perspective scénique. Et voilà la Grande-Duchesse de Gerolstein qui poursuit triomphalement son tour du monde, sur les pas de son aïeule très-fêtée, très-fêtée, la Belle Hélène. Paris, Vienne, Bruxelles, trois glorieuses étapes, parcourues en quelques semaines. Avant trois mois, l’Allemagne est conquise, la musicale Allemagne, qui ne s’y trompe point et qui ne fait pas la renchérie sur ce qui la charme et l’amuse. Rongez votre frein, Boum de la grosse musique, grosse et vide ; crevez-en de dépit, Grog de la grande musique, grande et plate. A lui, à lui le panache ! »

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On nous écrit de Saint-Pétersbourg : « Le célèbre ténor Roger, après un séjour aussi fructueux pour sa réputation que pour sa bourse, vient de quitter Moscou. Il se rend à Varsovie par Wilna et Riga. — Le théâtre impérial russe de Moscou a déployé beaucoup d’activité cet hiver. Outre de nombreuses représentations des opéras de Glinka, Dargomysky, Werstowsky, Krascropolsky, on y a donné les Bavards et les Géorgiennes d’Offenbach, la Muette de Portici, Frà-Diavolo , la Juive, Freischutz, Norma, Il Trovatore, Lucrezia, etc. — Un concert historique, organisé à Saint-Pétersbourg, et dont le programme disposé par ordre chronologique comprenait des œuvres datant du règne de l’impératrice Elisabeth pour arriver jusqu’à nos jours, a excité le plus grand intérêt.

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