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Paris au jour le jour

Le Figaro – Mardi 19 mars 1867

Tout le feuilleton de M. Nestor Roqueplan serait à citer quant au fond, il est de l’avis de tout le monde, mais comme forme c’est bien joli

Vous êtes un des plus grands musiciens de ce siècle, dit-il à Verdi ; prenez bien garde de faire des progrès ; on vous accuse de chercher à être moins Italien pour devenir un peu Allemand.

Si, en quittant l’Italie, des Allemands y ont laissé leur musique, il faut la leur réexpédier.

Ne craignez pas d’entendre dire ce que des musiciens sans idées disent de la musique mélodique des Italiens « C’est du macaroni. »

Gardez votre macaroni ; ne lui préférez pas la choucroute.

Je vous recommande surtout quelques lignes exquises sur la vanité de messieurs les compositeurs de musique.

On voit des peintres qui, sur un conseil, grattent et effacent tout un coin de tableau ; des auteurs dramatiques, prosateurs ou poëtes qui enlèvent des tirades à effet ou sacrifient des scènes entières parce qu’elles pourraient retarder la marche d’une action et fatiguer la patience du public. On a vu des orateurs, – pas M. Thiers, – faire sur place des coupures dans leurs discours.

Les peintres, les littérateurs, les orateurs ne se croient que des hommes et ne croient produire qu’une oeuvre humaine.

Tout compositeur, – Offenbach lui-même, – se croit demi-dieu, se croit Apollon, se croit Orphée, croit qu’il pince d’une harpe céleste et considère comme un Marsyas bon à écorcher l’être vulgaire qui lui parle de couper une aile à son inspiration, de resserrer son génie dans une limite. Il ne relève que de l’Olympe et des muses.

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Musique ! art simple et sensuel, tu as pour amis les bons naturels, les cœurs chauds, les imaginations claires.

Tu n’as pour ennemis que les musiciens.

Le Rôdeur.

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