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Petit courrier des théâtres

Le Figaro – Jeudi 11 février 1864

Voici quelques détails sur les Fées du Rhin, opéra fantastique en quatre actes que Jacques Offenbach vient de faire représenter à Vienne et dont le télégraphe nous annonce un succès tel que le matin de la deuxième représentation, dès 9 heures, il ne restait plus une place à louer.

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La légende est très simple : dans une forêt voisine du Rhin, chaque nuit apparaissent des fées : ce sont des jeunes filles mortes parce qu’elles aimaient trop le chant ; devenues fées, elles chantent de nouveau et leurs voix attirent dans des précipices l’imprudent qui ose traverser la forêt.

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Sur cette donnée qui rappelle les légendes de Gérard de Nerval, l’auteur, M. Nuitter, a semé de charmants détails qu’un littérateur allemand, M. de Wolzogen, a traduits d’une façon très heureuse.

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Un peu de couleur historique ne nuisant jamais à l’action d’un opéra, la scène se passe pendant les guerres d’Allemagne au seizième siècle.

Au premier acte, les paysans sont pillés par les lansquenets.

Le deuxième acte n’est qu’un intérieur de ferme, mais les décors ont été faits sur des maquettes envoyées de Paris et composées par M. Moynet, le, peintre qui a signé les décorations de Lalla-Roukh.

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Au troisième acte (les Elfes dans la forêt), on a vivement applaudi la marche des lansquenets et le duo de la mère et la fille.

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Au dénoûment [1] du quatrième acte, qui se passe dans un vieux château ruiné par le temps et par la guerre, on a fait un grand succès à un hymne à la patrie allemande qui revient après avoir déjà été applaudi an premier acte.

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Les verrons-nous à Paris, ces Fées du Rhin ? Il faut bien l’espérer car voici que l’on nous annonce pour jeudi le retour à Paris d’Offenbach, à moitié mort et si brisé par les répétitions et les émotions d’une soirée décisive qu’il n’a pu conduire lui-même la première représentation et qu’il a dû confier le bâton à l’un des chefs d’orchestre.

Et puis par ce temps d’opéras terre à terre, on est heureux de trouver toujours dans une œuvre d’Offenbach quelque chose qui n’est pas la musique de tout le monde, et, je l’avoue, je suis un peu de l’avis d’Alexandre Soumet, qui disait qu’en musique il faut des minarets.

(...)

A. Dupeuty.

[1sic

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