Monsieur le rédacteur,
Permettez-moi de rectifier une inexactitude qui s’est glissée dans votre numéro d’hier au sujet d’une question élevée entre mes directeurs et moi.
Vous avez été mal renseigné ; je ne me suis pas adressé à la direction par ministère d’huissier et ces messieurs n’ont reçu de moi aucun papier timbré. C’est là un mode de correspondance que je n’ai jamais employé avec mes directeurs.
Voici ce qui s’est passé :
J’avais, au mois d’avril 1866, renoncé aux deux mois de congé qui m’étaient dus, et javais mis pour condition dans ma lettre à M. Plunkett qu’il pourrait me rendre à sa volonté ces deux mois de congé avant le mois d’avril 1867.
Je n’avais pas gardé copie de cette lettre, et il y a quelques jours, M. Richard, huissier, s’est présenté en mon nom pour en demander communication, en déclarant qu’il ne se présentait pas comme huissier, mais comme mon ami, et à titre purement officieux.
Ma lettre lui fut communiquée, il en prit copie, et comme mes directeurs élevaient quelques difficultés sur le droit que je réclamais, il fut convenu, sur leur proposition faite à M. Richard, que la question serait vidée par quatre arbitres : M. Neuville, huissier, beau-frère de M. Dormeuil, M. Marraud, agréé, pour mes directeurs ; M. Schayé, agréé, et M. Richard, pour moi.
J’acceptai cette proposition, et rendez-vous devait être pris pour entendre nos explications respectives, rendez-vous auquel devait assister Me Paillard de Villeneuve, avocat, qui avait bien voulu se charger de faire valoir mes droits.
C’est avant la réunion des arbitres que mes directeurs ont déclaré à M. Richard qu’ils ne faisaient plus la moindre difficulté de m’accorder mes deux mois de congé.
Je ne vous donne ces détails, monsieur le rédacteur, que pour rendre hommage à la vérité, afin qu’il soit bien établi qu’il n’y a eu en tout cela ni spéculation de ma part, ni mauvais procédé.
Je suis certain que c’est là une justice que mes directeurs eux-mêmes me rendront, attendu que je les ai prévenus loyalement à l’avance.
Veuillez agréer l’assurance de ma parfaite considération.
Brasseur
Artiste du théâtre du Palais-Royal.
Jules Valentin.