Le théâtre des Folies-Saint-Germain a donné hier soir la première représentation de la Planète de Vénus, une pièce à femmes en un acte, où sourient quelques jolis minois et frétillent peu de fines jambes...
Dans cette planète – dont les auteurs ont malheureusement fait une nébuleuse, – nous rencontrons Vénus, sous les traits de mademoiselle Atala Massue, et les plus célèbres courtisanes du temps passé, depuis Aspasie jusqu’à la Dubarry.
Ces dames de beauté sont devenues, par la faute des deux collaborateurs, des lorettes de pacotille parlant argot et levant le pied à la hauteur de l’oeil.
Un Cupidon gauche et un affreux grimacier complètent cette jolie société au milieu de laquelle, surviennent deux modernes cocotte, un Nudar de Belleville et un abruri de Chaillot.
Tout cela pour amener une interminable parodie du jugement de Pâris : l’abruti doit décerner la pomme à l’une de ces femmes galantes qui, à défaut d’un Brantôme, racontera elles-mêmes leur histoire.
Il préfère à toutes la biche parisienne, qui s’écrie :
– Je vaux donc mieux qu’elles ?
– Non ; mais elles ne valent pas mieux que toi !
C’est le trait spirituel et la moralité de cette... fantaisie (style de l’affiche).
Là-dessus, un quadrille final, comme on le danse à Sullier, sur la musique d’Orphée aux Enfers.
Mademoiselle Charton, qui a, du reste, de la gaieté et de l’intelligence, lance aussi bien la jambe que le mot risqué.
Jules Valentin.