Villa Orphée (Etretat), 16 août 1870.
Mon cher ami,
Certains journalistes allemands poussent la calomnie jusqu’à imprimer que j’ai composé plusieurs chants contre l’Allemagne. Les injures les plus misérables accompagnent ces assertions.
J’ai en Allemagne une famille et des amis qui me sont chers ; c’est pour eux que je viens vous prier d’imprimer ceci :
Depuis l’âge de quatorze ans je suis en France.
J’ai reçu des lettres de grande naturalisation.
J’ai. été nommé chevalier de la Légion d’honneur.
Je dois tout à la France et je ne me croirais pas digne du titre de Français, que j’ai obtenu par mon travail et mon honorabilité, si je me rendais coupable d’une lâcheté envers ma première patrie.
Ce qui me ferait encore plus aimer la France, si c’était possible, c’est qu’il n’est venu à l’idée d’aucun Français de me proposer de commettre une action qui, aux yeux des honnêtes gens de toutes les nations, serait une infamie.
Bien à vous,
JACQUES OFFENBACH.