Après la quatrième représentation du Vert-Vert, M. Offenbach a offert un souper aux artistes de l’Opéra-Comique chez Brébant, le Vatel du dix-neuvième siècle.
Du souper, nous n’en parlerons pas : – splendide.
Passons aux toasts :
Offenbach se lève, le verre en main.
On cause encore.
Offenbach (cherchant à obtenir le silence) : Voyons, mes enfants, vous savez que ce n’est pas pour mon plaisir... j’y suis forcé.
(Silence religieux.)
Je bois à la direction qui a monté Vert-Vert
si magnifiquement.
A toi, mon cher Mocker, qui as réglé la mise
en scène si admirablement.
A vous, mes chers Deloffre et Steinman, qui
avez conduit l’orchestre
et les chœurs si magistralement.
A vous, mes chers Soumis et Bazille, qui avez
accompagné les répétitions
si courageusement.
A vous, mes chers Doche et Hamel, qui avez
soufflé si silencieusement.
A vous surtout mes chers artistes qui avez
chanté et joué si victorieusement.
A vous tous du profond de mon cœur, un
remerciement.
Le maëstro a ensuite donné lecture d’une lettre de Déjazet, qui s’excusait dans les termes les plus aimables de n’avoir pu assister au souper, et qui demandait que l’on bût à la pauvre malade absente.
Un toast chaleureux a succédé à la lecture de cette lettre.
Il va sans dire que d’autres toasts ont été portés. Un des artistes, parodiant avec infiniment de talent et de bon goût le célèbre président de plusieurs sociétés da bienfaisance, a prononcé sur tous les Vert-Vert connus un discours qui n’avait rien de fnuèbre [1] et qui a été chaudement acclamé.
La fête a duré jusqu’à quatre heures du matin. Je vous demande si l’on s’est amusé.
Gustave Lafargue.