A M. Théodore de Banville
Il y a quelques pages de vous, monsieur, que j’aurais un vif plaisir à retrouver aujourd’hui. C’est une simple brochure éditée voilà sept ans déjà, si j’ai bonne mémoire, par notre ami Poulet-Malassis, et intitulée : La Mer de Nice.
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Eh bien, entre vivants et entre modernes, soyons francs les hommes ne gâtent rien. Il me plaît de voir la foule élégante et raffinée faire une bordure mouvante à ces rives de la Méditerranée ; il me plait de sentir sur la promenade, des bouffées de musique de Freutzer qui m’arrivent de la salle du Casino. Et je suis heureux encore en y voyant même un bal d’enfants s’animer et bondir aux airs du quadrille d’Orphée aux Enfers.
Signe des temps disent les gens ennuyés et désespérés, avec une indignation dont, au fond, je crois, ils ne sont pas bien sûrs. Signe des temps, sans doute ! A ce propos, je répétais l’autre soir, au maëstro Offenbach, le mot d’un de mes amis à une représentation d’Orphée :
— Ne nous y trompons pas : voilà la gaieté et l’éclat de rire des derniers petits enfants de Voltaira !
— Offenbach a ri à en faire pétiller sur ses yeux fins de gazelle capricieuse et capricante les verres de son lorgnon, [1]
Et je riais aussi, ne trouvant pas, après tout, qu’il faudrait s’en couvrir la tête de cendres et s’en frapper la poitrine à deux genoux.
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Adrien Marx.