Notre correspondant de Londres nous écrit :
Londres, mardi 23 juin.
Hier a eu lieu, à Saint-Jame’s Theatre, la première représentation de la Grande-Duchesse par mademoiselle Schneider.
Lorsque mademoiselle Schneider est entrée en scène, on a applaudi pendant trois minutes, et quand les bravos ont cessé de se faire entendre, elle s’est avancée au bras du général Boum et a dit, s’adressant au public :
– Je suis bien contente !…
D’abord très émue en chantant le premier rondeau : Ah ! que j’aime les militaires ! elle a bientôt repris toute son assurance et a enlevé la salle avec la romance : Dites-lui. – Tous les morceaux ont été applaudis à outrance et bissés. Elle a été rappelée après chaque acte. – C’est un succès dont il est difficile de se faire une idée.
La salle était fort belle : mademoiselle Schneider jouait devant un parterre de princes et en présence de la fine fleur de l’aristocratie anglaise.
Il y avait là le prince et la princesse de Galles qui donnaient souvent les premiers le signal des applaudissements, le prince et la princesse de Hesse, le prince de Danemark, le duc de Cambridge, le prince de Teck, le comte et la comtesse de Paris, le duc et la duchesse d’Aumale, le prince de Joinville, le duc de Wurtemberg, la duchesse de Manchester, la marquise de Bath, la comtesse de Waldegrave, lord Carrington, etc.
Les rôles de Fritz, du général Boum, du prince Paul sont bien remplis par Duplan, Beckers, Michel. La mise en scène est très soignée.
Les costumes, faits en Belgique, sont charmants. L’orchestre est excellent. On ne saurait trop féliciter M. Raphaël Félix, le directeur.
La salle, dont le prix des place a été doublé, est déjà louée pour quinze jours.
Jules Prével.