Il n’en coûte jamais au Figaro de revenir sur une appréciation qui a pu être faite à la légère.
(…) A la première représentation d’Orphée aux Enfers, M. de Villemessant ne put s’empêcher de dire à Offenbach, qu’il aimait cependant beaucoup, que, si charmante que soit sa musique, elle devait succomber sous le poids du livret qui l’accompagnait.
Un mois après, M. de Villemessant disait à Offenbach : – Je me suis trompé ; pièce et musique sont ravissantes : vous irez à 200 représentations. Orphée a été à plus de 400 !
C’est que les auteurs, après la première représentation, avaient eu l’esprit de couper tel ou tel couplet, d’amputer ce duo, d’abréger ce final, etc. ; c’est que les acteurs ne tremblaient plus devant un public prévenu, qui croit devoir être un juge sévère et se montrer connaisseur quand même ; c’est que les vaudevillistes et autres, intéressés à combattre l’opérette qui les ruine, n’étaient plus là pour dire : l’opéra-bouffe est démodé, il est vieux, il se meurt, il est mort. (…)
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Voici une bien grosse affaire qui va vivement intéresser la Société des auteurs dramatiques.
On sait que jusqu’à présent les théâtres allemands n’ont rien rapporté du tout à nos auteurs qui les alimentaient.
A Vienne, par exemple, où d’un bout à l’autre de l’année on joue nos pièces, jamais, en dehors d’Offenbach, qui sait faire ses affaires, un auteur français n’a touché de droits proportionnels. (…)
Gustave Lafargue.