Nos lecteurs ont pu être surpris, hier, de voir que nous annoncions pour le soir deux premières représentations – dont une seule avait lieu. Cette erreur n’est point de notre fait. Et, si nous avions besoin d’excuse, nous ajouterions que tous nos confrères du matin ont, comme nous, annoncé à tort la première de Madame Favart.
A qui donc la faute ?
A M. Cantin lui-même !
Mercredi soir, à la Gaîté, pendant les entr’actes des Brigands, nous avons vu les journalistes les plus influents se rouler aux pieds du directeur des Folies et le supplier, puisque les Enfants du capitaine Grant passaient sûrement le lendemain, de remettre à samedi l’opéra-comique d’Offenbach. Quelques jolies femmes, qui ne manqueraient pas une première pour tout l’or du monde, joignirent leurs prières à celles de la critique. M. Cantin fut inexorable, inflexible.
– J’aurais dû passer il y a huit jours, disait-il ; c’est à la Porte-Saint-Martin à me céder le pas !...
Bref, la certitude de manquer le lendemain une des deux belles premières attrista bien des gens. On se sépara navre à minuit et demi.
Que se passa-t-il ensuite ?
Rendu à la liberté de ses pensées, rentré dans sa conscience de directeur qui tient à « avoir la presse », M. Cantin réfléchit, entre une heure et deux du matin, que le Capitaine Grant pourrait bien, après tout, lui faire du tort : il envoya chez l’imprimeur Morris décommander les affiches.
Hélas elles étaient déjà tirées.
Il fallut en faire de nouvelles pour les Folies-Dramatiques. On colla celles-ci, qui annonçaient Relâche, sur celles qui annonçaient Première représentation.
Voilà comment, les journaux n’ayant pas été prévenus, nous avons tous, annoncé pour hier une première qui n’aura lieu que demain samedi.
Les services de deuxième représentation seront valables le dimanche 29. Pas de matinée ce jour-là, pour laisser reposer les artistes.
Matinée Ie 2 janvier, avec les Cloches. Le bailli de Corneville fera une distribution de jouets aux enfants.
Jules Prével.