On parle beaucoup, en ce moment, du fameux canon-monstre que la Prusse se propose d’envoyer à l’exposition de Philadelphie. Il paraît qu’il n’y aura pas au monde de bateau assez vaste pour le transporter, ni de machines assez puissantes pour en assurer l’installation.
Eh bien, ce canon fameux, ce canon gigantesque n’est qu’un joujou, un canon miniature, un canon d’enfant auprès de celui qui doit figurer à la Gaîté, dans le Voyage dans la Lune. Toute la nuit dernière, après la représentation de la Chatte blanche, des ouvriers décorateurs, des charpentiers, des menuisiers, des machinistes se sont mystérieusement emparés de la scène de la Gaîté, et pendant plus de trois heures, on s’est occupé de monter le canon.
Figurez-vous un canon dont la culasse n’a pas moins de cinq mètres de hauteur et est à elle seule, aussi vaste que le vaisseau du Fils de la Nuit. Cette culasse est posée sur un gigantesque affût, au beau milieu de la scène, puis le canon passe – comme un immense viaduc – par-dessus les champs, les ponts, les rivières et les villages, tandis que la bouche vient aboutir sur une haute montagne.
Vous voyez que le canon de l’exposition de Philadelphie n’a qu’à bien se tenir !
___
A New-York, sur le Fifth Avenue Theatre, la Grande-Duchesse vient d’avoir un énorme regain de succès. L’opérette d’Offenbach y est jouée par une troupe mexicaine d’enfants, faisant partie non seulement de la même « Compagnie », mais encore de la même famille : le père en est le directeur et le frère aîné le chef d’orchestre. Le nom patronymique de tous ces artistes minuscules est Mocon.
La Grande-Duchesse, c’est une petite fille de huit ans, Carmen, qui, paraît-il, chante et joue le personnage d’une façon étonnante ; elle excite un véritable enthousiasme dans le fameux Dites-lui… ; sa sœur, Guadelupe, âgée de six ans, représente Wanda. Fritz, le « pauvre et jeune soldat » a neuf ans, et le général Boum en a dix.
La pièce a été traduite en espagnol.
Gustave Lafargue.
