Le concert donné cette semaine, dans la salle Herz, par mademoiselle Stella Colas, a été très intéressant. La jeune bénéficiaire, qui est entourée de toutes les sympathies, a reçu un chaleureux accueil. – Gueymard a obtenu un très grand succès avec deux compositions de M. Ernest Boulanger, son professeur, le Pâtre et la Nuit du Bûcheron. Dans le trio instrumental du Trovatore, qui est le morceau de concert en faveur, Hermann a obtenu un prodigieux effet sur son violon. Hermann allie deux qualités fort rares, de l’âme
et du style.
La bénéficiaire, qui venait de réciter en comédienne les vers du Décaméron, a produit une très vive sensation, en disant la Sapho, de Lamartine : Stella Colas est mieux aujourd’hui qu’une « brillante promesse » pour notre première scène ; c’est une jeune fille intelligente et inspirée ; viennent l’âge et les forces, et nous posséderons une tragédienne.
Le Décaméron, outre qu’on y entend de beaux vers par Méry et de l’excellente musique par Offenbach, a un autre avantage, celui d’offrir aux spectateurs de frais visages, des femmes charmantes. Dans le nombre, on a remarqué madame Lefebure Wély et la jolie Augusta Colas. Mademoiselle Augusta Colas, qui possède une voix sympathique, a fort bien dit sa partie dans le trio du Songe d’une
nuit d’été et son duo du Décaméron avec madame Ponchard. – Nous allions oublier mademoiselle Henrion, de l’Opéra-Comique, et mademoiselle Luther, et c’eût été une double maladresse. Mademoiselle Henrion a une fort belle voix, dont elle se sert avec art, et mademoiselle Luther a joué avec une vivacité charmante son personnage de Sylvia.
Le proverbe qui dit : Tout est bien qui finit bien a eu tort cette fois. Jamais, au contraire, concert si bien commencé n’a été plus tristement enterré par les chansonnettes et la gaîté d’outre-tombe de M. Chaudesaigues. Que dis-je, les chansonnettes ? M. Chaudesaigues n’avait pas tristement gloussé la première, que l’auditoire se précipitait vers la porte.
Legendre.