C’est déjà bien loin, cela – un mois, presqu’un siècle à Paris ! – mais quelque légère que soit la mémoire de nos lecteurs, ils n’ont peut-être pas oublié le débat qui s’est élevé entre mesdemoiselles Schneider et Silly.
Nos lecteurs se souviennent sans doute aussi d’une causerie de M. de Villemessant dans laquelle il nommait en toutes lettres M. Marcelin comme auteur de la spirituelle et mordante lettre qui fut le premier coup de canon de cette bataille et que mademoiselle Silly Oreste adressait à sa mortelle ennemie Schneider – la Belle Hélène.
M. Marcelin riposta à l’article de notre rédacteur en chef par une lettre qui fut égarée dans les bureaux du Figaro. – II y arrive tant de lettres par jour que la chose est facilement explicable, sinon excusable.
Informé de ce contre-temps, M. Marcelin a recommencé sa lettre égarée, et la voici :
Mon cher de Villemessant,
Vous me faites dire que ma première lettre s’est perdue dans vos bureaux ; cela est regrettable, l’effet d’une rectification trop tardive étant à peu près nul.
Obligez-moi, au moins, de publier celle-ci à la première page de votre journal à la place même où se trouvait votre article.
Donc, je vous répète de la façon la plus formelle que vous vous êtes tout à fait trompé en me prêtant un rôle dans l’affaire Schneider-Silly ; je suis complètement étranger à la lettre que vous m’attribuez.
Cordialités,
Marcelin.
M. Marcelin désire que sa lettre soit insérée à la première page du journal, à la place même où a paru l’article de M. de Villemessant. Notre petite chronique quotidienne a semblé, par la place qu’elle occupe ordinairement dans ce journal, le cadre le plus naturel à cette insertion, et voilà pourquoi elle se trouve sous notre signature, bien qu’elle soit adressée à un autre que nous.
Ainsi voilà qui est bien entendu : la lettre qu’a signée mademoiselle Silly n’a pas été rédigée par M. Marcelin.
Le directeur de la Vie parisienne désire que ce point soit bien nettement précisé – c’est fait.
Mais la malignité du public parisien est si grande !… S’il allait croire maintenant que la lettre ci-dessus, lignée Marcelin a été rédigée par mademoiselle Silly ?
Georges Maillard.
