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La politique d’un bourgeois de Paris

Le Figaro – Mercredi 14 août 1867

De Trouville, le 11 août.

C’est un inconvénient pour un journaliste d’une grande renommée de voyager sous son nom. On tire le canon sur son passage, les conseils municipaux s’assemblent, le préfet le harangue, et l’aubergiste lui refuse crédit. Puis deux fléaux voyagent avec lui la réclame et la flatterie. L’année dernière, j’ai été arrêté à Honfleur par un homme qui montrait un ours :

– « Monsieur, m’a-t-il dit, auriez-vous la bonté de me recommander, à MM. Halévy, Meilhac et Offenbach ? »
– Pourquoi faire ?
– Ah ! monsieur, si les auteurs de la Belle Hélène consentaient à faire quelques couplets pour mon ours, et si M. Offenbach voulait bien les mettre en musique, j’aurais un succès de cinq cents représentations aux Folies-Saint-Germain. Je viens de traiter avec M. Larochelle dans cette espérance.

Découragé par mes objections, mon homme insista pour que, au moins, je fisse engager son ours à la Comédie-Française avec la perspective d’y devenir sociétaire par un tour de faveur. Je lui fis encore remarquer qu’on avait joué au comité beaucoup de ces tours là, mais qu’un ours était trop mauvais coucheur pour rencontrer dans les ministères les protecteurs qui improvisent des sociétaires.

(...)

Auguste Villemot.

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