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Les chasses du Figaro

Le Figaro – Dimanche 23 avril 1865

Chaque année ramène les mêmes clichés. Un avis publié par la surintendance des théâtres fixe au 8 mai prochain l’entrée en loges des élèves concurrents pour le prix de Rome et le concours de composition musicale. Lesdits élèves sortiront des loges le 13 mai, et le jugement aura lieu le 3 juillet.

Mon Dieu ! nous ne voyons aucun inconvénient à ce que l’on condamne pendant cinq jours, à une claustration qui n’a rien d’infâmant, un certain nombre d’élèves du Conservatoire. Vu la chaleur qui menace de prendre des proportions sénégaliennes, il n’est pas précisément mauvais de mettre à l’ombre pendant un certain laps, une très faible minorité de jeunes gens qui sont censés représenter l’espoir de la France artistique. – Quant au service que cet emprisonnement temporaire peut rendre à leur avenir, même en empruntant le secours des instruments d’optique les plus perfectionnés, il nous est moralement et physiquement impossible de l’apercevoir. M. Leverrier lui-même, si le problème lui était posé, préférerait, nous en sommes convaincu, s’engager à découvrir quelque nouvelle planète ; il l’inventerait plutôt.

Les infortunés croque-notes qui, encore dans l’âge des illusions, rêvent la renommée des Meyerbeer, des Halévy, des Auber, nous font franchement de la peine, attendu que nous n’aimons point voir ainsi se tromper la jeunesse. Ceux qui, moins ambitieux, sont persuadés que, tout au moins, ils atteindront à la position d’Offenbach, de Gevaert, de Gounod, de F. David, ne tombent pas dans une erreur moins grande. Enfin, les malheureux qui, ne pouvant être rangés dans la première ni dans la seconde catégorie, ont forcément marqué leur place dans la troisième, au lieu d’être enfermés du 8 mai jusqu’au 13 seulement dans les loges du Conservatoire de musique, devraient, en compensation du prix de Rome, obtenir, toute leur vie durant, une chambre gratuite à Charenton, pour cause de prédisposition naturelle à l’aliénation mentale. Au moins seraient-ils assurés d’avoir le vivre et le couvert, et leurs parents pourraient savoir bon gré à l’autorité de cette sollicitude réfléchie.

(...)

Minimus.

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