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Nouvelles des théâtres lyriques

Revue et gazette musicale de Paris – 10 novembre 1867

Le théâtre de l’Opéra-Comique donne aujourd’hui Mignon pour la première fois le dimanche. — Les répétitions générales de Robinson Crusoë ont commencé et vont se poursuivre cette semaine ; le nouvel opéra d’Offenbach sera représenté la semaine suivante, c’est-à-dire vers le 20. — Le maestro est retenu depuis quelques jours chez lui par une indisposition, mais il va beaucoup mieux et il ne tardera pas à sortir.


Le public et la presse sont unanimes à reconnaître et à constater le succès de Mlle Tautin dans la Grande-Duchesse. Une souveraine de Gérolstein était perdue, une souveraine de Gérolstein est retrouvée ! Il n’y a rien de changé aux Variétés : il n’y a qu’une grande-duchesse de plus. — Dupuis a singulièrement grandi dans le rôle de Fritz, et c’est lui qui tient la corde. Il a trouvé là une de ses meilleures créations. —Mme Vernet est très-gentille dans le personnage de Wanda, et elle n’a rien à envier à Mlle Garait. La salle n’est donc, ni moins brillante, ni moins enthousiaste qu’aux plus beaux jours de Mlle Schneider et du regretté Couder, ce qui n’est pas peu dire !


Nous avons mentionné l’enthousiasme avec lequel a été accueillie, à New-York, la Grande-Duchesse. Une correspondance particulière que nous recevons nous confirme les détails donnés par les journaux. Grâce à l’oeuvre d’Offenbach et à la tentative heureuse de l’imprésario Bateman, le public a pris le théâtre français sous son patronage. Ce fait est d’autant plus important à signaler que, depuis dix ans, malgré les efforts de directions nombreuses, l’opéra-comique français, l’opérette principalement, n’avaient pu recevoir aux Etats-Unis leurs lettres de naturalisation. Aujourd’hui, la glace est rompue et le charme complet. La musique du maestro a rallié toute une population étrangère à la langue et jusqu’à présent presque hostile à l’esprit de la France. Bravos, rappels et bouquets consacrent chaque jour le triomphe de Mlle Tostée, la souveraine de Gérolstein ; elle a pour elle la voix sympathique, le regard et le jeu. Mlle de Felcourt prête au rôle de Wanda son esprit et sa jolie voix. Guffroy est un Fritz superbe, Boum est irrésistible, Leduc très-fin en prince Paul. La pièce est d’ailleurs montée avec un luxe de costumes et de décors et rendue avec un ensemble jusqu’alors inconnus à New-York. L’orchestre, sous la direction de M. Lefebvre, est un digne interprète du chef-d’oeuvre d’Offenbach ; aussi la vogue soudaine qui l’a accueilli grandit-elle tous les jours. L’histoire du théâtre présente peu d’exemples d’un succès devenu aussi rapidement populaire.

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