Depuis l’hiver dernier on n’avait pas vue une salle de spectacle aussi brillamment composée que celle d’hier soir à l’Opéra-Comique, à l’occasion de la première représentation de Robinson Crusoé.
L’archiduc Louis-Victor, arrivé de Vienne à Paris dans la journée, occupait avec plusieurs personnes, la loge de l’Empereur.
Le prince et la princesse de Metternich, et le prince Achille Murat, occupaient l’avant-scène située en face.
Madame la duchesse de Morny était dans une loge de face.
On remarquait encore la duchesse d’Istrie, la duchesse de Cadore, et beaucoup d’autres dames du grand monde.
M. Auber se tenait au fond de sa loge habituelle, dont le devant était occupé par mesdames Edile Riquer, Dameron, etc.
La Patti occupait une affreuse avant-scène des troisièmes, côté droit.
Dumas fils était dans une baignoire d’avant-scène, celle de la direction.
Mademoiselle Schneider, en robe noire, se trouvait dans une baignoire à l’entrée de l’orchestre, côté gauche.
Pas de dames du demi-monde ; elles n’avaient pu se faufiler. Du reste, il n’y avait pas eu de billets vendus à l’Agence et à l’Office des théâtres.
Pendant un entracte, une altercation assez vive a eu lien entre un pianiste compositeur et un romancier journaliste.
L’affaire n’aura pas de suites. Une bousculade et des observations malsonnantes en avaient été la cause.
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À la fin du second acte, le jeune Vendredi met en fuite une tribu de sauvages en tirant deux coups de pistolet. Jules Richard s’est écrié :
– Les pistolets ont fait merveille !…
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Hier matin, B… demandait à l’un des auteurs de Robinson Crusoé comment ils avaient pu faire un opéra comique en trois actes avec un pareil sujet.
– C’est pourtant bien simple, répondit le collaborateur ; au premier acte, Robinson est seul en Angleterre ; au deuxième, il est seul dans son île ; et, au troisième, il rencontre Vendredi, ce qui nous fournit le prétexte d’un duo sur lequel nous comptons beaucoup !… Voilà !…
Jules Prével.
