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Le Figaro – Mardi 26 novembre 1867

La veille ou l’avant-veille de la première représentation à l’Opéra-Comique de Robinson Crusoé, M. Hector Crémieux, l’un des auteurs, a reçu la requête suivante d’un de ses coreligionnaires :

De par certain proverbe, il est, dit-on admis
Que les amis de nos amis sont des amis.
Or, vous êtes, monsieur, l’ami de mon frère,
Et je suis sûr aussi d’être l’ami du mien.
Nos frères sont unis par le lien militaire ;
Je vais donc invoquer pour un instant ce lien.
Cet exorde entaché d’insinuation
À pour objet de voir la représentation
Que vous allez donner à l’Opéra-Comique
D’applaudir au poème, ainsi qu’à la musique ;
Et si ce n’était pas commettre un sacrilège
Que de mêler le ciel à un pareil débat,
Je parlerais, non pas du pape et du saint-siège,
Mais de notre prophète et du dieu Jéhovah.
D’Israël et Jacob nous descendons tous deux ;
Un fauteuil, s’il vous plait, pour un fils des Hébreux.

La prière était spirituellement formulaire, et méritait une réponse… négative au moins.

Le postulant versificateur ne l’a pas eue ; l’ancien auteur d’Orphée aux enfers est resté sourd au langage des muses, et n’a pas répondu.

Faites donc de jolis vers, et donnez vous dans la peine d’avoir de l’esprit !

Georges Maillard.

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