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Théâtres

Le Figaro – Lundi 29 avril 1867

Hier matin, M. Cogniard a adressé à madame Grenier, mère de l’excellent artiste qui s’est cassé la jambe, une lettre de condoléance extrêmement émue et sympathique, à laquelle était joint un billet de 500 francs.

Voici cette lettre que notre indiscrétion habituelle nous a permis de lire par dessus l’épaule du malade :

Madame,

Vous êtes mère et garde-malade ; notre blessé aura tous les soins désirables, mais les malades (les princes malades surtout) ont des fantaisies ruineuses : permettez-moi de vous offrir cette petite somme, comme témoignage de ma vive sympathie, et pour défrayer les caprices du prince Paul pendant sa maladie.

Agréez, madame, l’assurance de mes sentiments affectueux.

Hip. Cogniard.

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On nous raconte un fait trop honorable, pour que nous puissions le passer sous silence.

L’acteur Kopp, des Variétés, était en scène au moment où Grenier se cassa la jambe, vendredi, ainsi que nous l’avons raconté hier.

Le rideau baissé, aussitôt qu’on eut, enlevé le blessé, Kopp courut trouver son directeur :

– Monsieur, lui dit-il, j’ai une représentation à mon bénéfice dimanche ; je vous prie de vouloir bien enlever mon nom et d’y subtituer celui de Grenier. Le malheur qui vient de lui arriver lui donne plus de titres qu’à moi à la sympathie du public, et je serai bien heureux de lui donner cette preuve d’amitié. Je renonce à mon bénéfice.

Connaissez-vous beaucoup de comédiens capables d’un pareil désintéressement ?

Hâtons-nous d’ajouter que M. Cogniard n’a pas eu moins de cœur que son pensionnaire :

– Non, mon cher Kopp, répondit-il ; votre sacrifice vous fait honneur, mais je ne l’accepte pas. Gardez votre représentation à bénéfice à laquelle vous avez tous les droits du monde. Je vais m’occuper d’en organiser une autre spécialement pour Grenier.

Et voici comment la représentation des Variétés est donnée ce soir au profit de Kopp, bénéficiaire contre son gré.

Jules Valentin.

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