Après la rentrée des jeunes élèves, nous allons voir la rentrée des cours et tribunaux ; les étudiants vont rentrer le mois prochain ; on rentre les orangers aux Tuileries et Mlle Suzanne Lagier est rentrée la semaine dernière à l’Eldorad ; en attendant que tout le monde soit rentré dans sa stalle pour l’hiver, la huitaine qui vient de s’écouler n’a produit aucun événement.
Aucun financier n’a passé la frontière, les assassins se reposent ou sont dans leurs terres, et les petites dames, surmenées par un été trop long, se cachent et font dire qu’elles ne sont pas encore revenues des eaux ou des bains de mer.
Nos confrères de la politique ne sont pas plus heureux que nous. Ils font semblant de s’inquiéter beaucoup du voyage de M. Bismark à Biarritz et se frottent les mains de ce que Monsieur Communiqué – un journaliste dont les travaux nombreux commencent à inquiéter sérieusement les jeunes – leur envoie de la copie à foison. Mais c’est gibier de prince que cette copie-là, et tandis que les princes de la presse politique la dévorent, contentons-nous du steeple-chase que viennent de courir MM. Cogniard et Hostein.
Il s’agissait de savoir qui, du Châtelet ou des Variétés, obtiendrait les faveurs de la Belle Hélène ; si elle jouerait de l’Offenbach ou du Clairville. La Belle Hélène s’est donnée à Offenbach. MM. Cogniard et Jules Noriac sont arrivés premiers, l’emportant, non point de deux longueurs – comme ce mort dont parlait récemment la Gazette des Etrangers – mais simplement de quelques billets de mille.
Mais que fera M. Hostein du jupon court qu’il destinait à Mlle Schneider ? Ce jupon-là ne peut être rempli que par une belle femme, et je ne vois que Mlle Keller qui soit en ligne pour le moment. Mlle Keller, outre qu’elle est certaine d’un succès de dos, d’épaules, de bras, de tout enfin, possède ce je ne sais quoi qui fait tourner les têtes folles, ébahit les bourgeois, pique la curiosité des femmes du monde et amène tout Paris dans une salle de théâtre.
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Jules Richard.