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Correspondance

Revue et gazette musicale de Paris – 25 août 1867

Trouville-Deauville, 25 août.

Quel que soit l’antagonisme qui règne entre les deux localités, on peut, sans craindre de se tromper, affirmer qu’elles sont destinées à n’en faire bientôt qu’une sous ce double nom ; car si Deauville représente en ce moment l’aristocratie des habitants, Trouville en possède la bourgeoisie ; or, la première ne peut se passer de la seconde, sous peine d’exister longtemps encore dans la solitude et l’abandon, et cela précisément à cause des gigantesques proportions qui ont présidé à sa fondation. Quoi qu’il en soit, les chaleurs lorrides survenues tout à coup avec la seconde quinzaine d’août ont amené sur sa magnifique plage un nombre considérable de visiteurs ; on y peut reconnaître des hommes d’Etat, M. Thiers, M. Haussmanu ; des banquiers, MM. Erlanger, Gautier, Donon, qui comptent parmi les fondateurs et les propriétaires de Deauville ; des célébrités artistiques, J. Offenbach, Lud. Halévy, H. Crémieux, Strauss, les frères Duvernoy, Etlling, etc., etc. ; enfin la veuve de l’illustre auteur des Huguenots, Mme Meyerbeer. et sa fille. — Dimanche dernier, presque toutes ces notabilités et la population des deux plages assistaient à une imposante cérémonie, l’inauguration de la statue du duc de Morny, hommage rendu par le pays tout entier à l’homme dont l’audacieuse tentative aura, quoi qu’on en dise, puissamment contribué, dans un avenir prochain, à l’agrandissement et au bien-être de ce pays, en faisant sortir comme par enchantement une ville des sables de la mer. — Un beau bal au Casino et un feu d’artifice sur la plage ont brillamment terminé la journée, qu’un temps magnifique a favorisée.

La musique est représentée à Deauville par l’orchestre de Desgranges, qui joue au kiosque du Casino deux fois par jour. Il exécute un répertoire très-varié, et ses musiciens, recrutés parmi les meilleurs artistes de Paris, y apportent un ensemble et une perfection qui font grand honneur à leur jeune et vaillant chef. Aussi est-il en grande estime auprès des habitués des deux rives, qui, mercredi dernier, — comme chaque année d’ailleurs, — se pressaient dans l’élégante salle du Casino à la soirée donnée à son bénéfice, laquelle consistait en un bal charmant des plus animas et où le luxe des toilettes ne le cédait qu’à la beauté des danseuses. Les quadrilles endiablés des œuvres d’Offenbach, de la Grande-Duchesse, de la Vie parisienne, des valses et des polkas entraînantes, au nombre desquelles on a particulièrement applaudi la polka de Zerline, par Ettling, ont prolongé jusqu’à une heure du matin cette soirée, d’ailleurs toujours la plus belle et la plus recherchée de la saison.

(...)

S. D.

Ems, 18 août 1861.

(...) Connaissez-vous Mlle Lemoine ? Moi je ne la connaissais pas et je l’ai applaudie de grand cœur. Elle possède une voix d’une grande fraîcheur, chante à ravir et dit avec une rare intelligence. C’est une élève de Duprez ; je ne serais point étonné qu’elle fit honneur à son maître, déjà si riche en élèves arrivés. M. Gourdon est venu égayer la soirée par des chansonnettes. Ces deux derniers artistes faisaient partie delà troupe d’opéra du Kursaal d’Ems. J’étais arrivé à temps pour les entendre dans la dernière représentation de la Permission de dix heures, la nouvelle et gentille partition du maestro Offenbach dont Ems a eu cette année la primeur. (...)

Paul Bernard.

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