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Courrier de Paris

L’Univers Illustré – 4 octobre 1873

Nous l’avons revue cette fameuse Vie parisienne, qui fut jouée pendant sept mois consécutifs au Palais-Royal, en la mémorable année de l’Exposition universelle du Champ-de-Mars. On eût dit que les phalanges d’étrangers, débarqués des quatre points cardinaux, obéissaient à une même consigne. La Vie parisienne et la Grande-Duchesse, la Grande-Duchesse et la Vie parisienne, telles étaient leurs premières préoccupations, et ils n’étaient tranquilles qu’après s’être assuré des places pour ces deux pièces en vogue. Les souverains, les altesses suivaient la loi commune ; Schneider et Zulma Bouffar étaient des étoiles à l’attraction desquelles n’eurent garde de se soustraire le czar, l’empereur d’Autriche, le prince de Galles, le khédive d’Egypte et bien d’autres personnages couronnés.

En transportant leur pièce aux Variétés, MM. Henry Meilhac et Ludovic Halévy y ont introduit quelques modifications. Un acte a été coupé ; le rôle de Mme de Quimperkaradec, joué par la regrettée Mme Thierret, à disparu ; un morceau inédit a été ajouté par l’inépuisable et célèbre maestro Offenbach : tout cela fort habilement, et vogue la nacelle, au milieu des francs éclats de rire qui accueillent ces aventures prodigieusement bouffonnes, et des bruyants applaudissements dont on salue cette musique, si vive, si pimpante, si originale.

Ils sont devenus légendaires, ces types nés de l’étourdissante fantaisie des auteurs : le baron de Gondremark, l’amiral suisse, le général Porto-Rico, le diplomate Manchabal, le bottier Frick, le major de table d’hôte, le Brésilien. — Dupuis a succédé à Hyacinthe, Grenier à Gil-Pérès, Berthelier à Brasseur, Baron à Lassbuche, Cooper à Priston. Comme leurs devanciers, les comiques des Variétés sont des artistes qui ne connaissent pas de résistance ; ils ont entraîné le public dans la sarabande de gaieté échevelée qui traverse les quatre actes de la pièce. Mlle Zulma Bouffar a conservé le rôle de la gantière ; elle est ravissante de verve et de crânerie mutine ; c’est plaisir de l’entendre gazouiller l’air de la gantière, celui de la veuve du colonel, et... tout son rôle, ma foi. Je crois devoir rester dans la réserve à l’égard de Mlle Devéria, qui remplit le rôle de Métella, créé brillamment par Mlle Honorine. La jolie débutante, me dit-on, relève à peine d’une longue maladie et n’est pas en possession de tous ses moyens. Le fait est que j’ai à peine reconnu la fameuse romance de la lettre que Mlle Honorine détaillait avec tant de finesse ; espérons que Mlle Devéria ne tardera pas — selon l’expression consacrée — à prendre sa revanche. Mlle Berthal roucoule très-gentiment, et Mlle Granville est fort gracieuse dans le personnage de la baronne de Gondremark.

Ma conclusion, — est-il besoin de le dire ? — c’est que la Vie parisienne est destinée à récolter aux Variétés un large regain de vogue.

(…)

Gérome II.

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