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Courrier des théâtres

Le Figaro – Lundi 1er décembre 1873

Au troisième acte de la Jolie Parfumeuse, Poirot, un concierge du temps, très comiquement joué par Bonnet, est un des trois mystifiés qui croient avoir passé la nuit près de Dorothée Bruscambille ; il croit si bien au bonheur, qu’il a d’ailleurs goûté en compagnie d’une suivante, qu’il demande en ces termes la main de la fausse danseuse :

Monsieur, madam’ Dorothé’ Bruscambille,
Pardon, excus’ pour mon indiscrétion.
J’ viens vous d’mander la main de votre fille,
C’ que je n’ f’rais point, si j’ n’étais pas garçon !

J’ veux pas savoir si c’est un’ fille unique.
Elle est unique en beauté, ça suffit.
J’n’ai pas besoin d’une dot magnifique :
Car la vrai’ dot, c’est les fleurs de l’esprit.

Mon Dieu ! j’ sais bien que vot’ fille est danseuse,
Et qu’ les danseus’ montrent plus que leur nez.
J’ sais qu’ leur vertu, c’est un’ chos’ vétilleuse,
Et que, des fois, y’ en a qu’ont mal tourné.

Mais j’ai là-d’ssus, voyez-vous, mon idée,
D’ la profession faut pas s’embarrasser ;
Car une femm’, quand elle est décidée,
Pour mal tourner n’a pas besoin d’ danser.

Moi j’ suis bel homm’. J’ai jamais eu un rhume,
Et je m’appell’ Jean Poirot de mon nom.
Sous votr’ respect, poireau c’est un légume
Avec lequel on fait du bon bouillon.

J’ai le cœur simple, amoureux et très vierge,
Et je suis Suiss’, quoiqu’ natif de Nogent,
Comm’ qui dirait portier ou bien concierge
Dans un’ maison ousqu’y a de l’argent.

Ayant de quoi, croyez, monsieur et dame,
Que sur la dot je n’ s’rai pas trop taquin
Si vous voulez qu’ Dorothé’ soit ma femme,
Répondez-moi : Hôtel Saint-Florentin.

Jules Prével.

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