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Courrier des théâtres

Le Figaro – Lundi 12 juillet 1875

Nous croyons devoir mettre les auteurs dramatiques en garde contre les agissements d’un nommé Edmond Gerson, agent des frères Kirally, directeurs du Great Opéra House de New-York.

M. Gerson, qui vient de séjourner quelques mois à Paris, s’est successivement présenté chez la plupart de nos écrivains dramatiques, grands et petits. Tous l’ont reçu avec cette confiance naïve qui distingue les auteurs français, ne demandant qu’à ajouter foi aux promesses que leur faisait ce monsieur et qui étaient non des promesses de l’autre monde, mais du nouveau monde.

(…)

On tombait d’accord pour un prix, et si l’on ne demandait aucune garantie pécuniaire on finissait généralement par signer un traité.

Mais si l’on en demandait ?

Voici ce qui se passait et je vais citer un exemple avec noms à l’appui.

On sait que la Gaîté prépare pour la saison d’hiver une grande féerie le Vovage dans la Lune. Les auteurs de cette féerie eurent comme tout le monde la visite de M. Gerson. Ils demandèrent des garanties. Alors, ils reçurent une lettre dans laquelle l’agent américain, après avoir réduit à des proportions imperceptibles ses premières propositions, eut l’audace d’écrire ceci :

« Ces messieurs (MM. Kirally) ont déjà pris le dépôt du titre. Donc personne ne peut jouer sous ce nom la pièce en Amérique. »

Voilà donc les auteurs eux-mêmes dépouillés du droit incontestable qu’ils ont sur leur œuvre, car s’ils s’entendent avec un autre théâtre d’Amérique pour l’exploitation du Voyage dans la Lune, ils seront obligés d’en changer le titre !

N’est-ce pas bien violent et n’avons-nous pas raison d’engager les auteurs français à recevoir ce monsieur Gerson comme il le mérite ?

___

La société élégante du Casino d’Aix-les-Bains a voulu, elle aussi, envoyer son offrande aux inondés.

Avant-hier soir, un petit concert a donc été organisé.

Mlle Zulma Bouffar, accompagnée au piano par Jacques Offenbach, a chanté le : Dites lui, de la Grande-Duchesse, et la tyrolienne de la Vie parisienne.

Inutile de dire, n’est-ce pas ? que l’artiste et l’accompagnateur ont eu un véritable triomphe.

Apres avoir chanté, Mlle Bouffar a fait dans la salle une quête qui a produit 600 francs.

La recette générale a été de plus de 4,000 francs.

Gustave Lafargue.

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