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Échos de Paris

Le Figaro – Dimanche 9 septembre 1855

Dimanche dernier, à Etretat, Jacques Offenbach a donné une matinée musicale au profit des pauvres familles de pêcheurs. C’est de sa part une action doublement méritoire, puisqu’il lui a fallu y consacrer une partie d’un temps très précieux et des occupations qu’absorbe nécessairement la direction des Bouffes Parisiens. Déjà, la saison dernière, le musicien avait eu l’initiative d’une bonne œuvre qui avait soulagé bien des misères à Etretat.

Pour le concert de cette année, l’excellent maire du pays, M. Fauvel, avait écrit à M. Lapeyrière, administrateur des chemins de fer de l’Ouest, afin d’en obtenir le trajet gratuit de quelques artistes parisiens, ce qui lui a été accordé sans difficulté et avec une obligeance qu’à toutes occasions on est assuré de rencontrer de la part de cette intelligente administration.

Le programme du concert était des plus variés. Jacques Offenbach a joué avec un très grand succès Musette, une boutade fort originale pour le violoncelle. Les gémaux de la chansonnette, les frères Lyonnet, ont dit à merveille les Deux Vieux Amis, une ravissante composition de M. Gounod, et Anatole a soupiré tout seul le Voyage aérien de Nadaud. Le concert était égayé par Malezieux, qui a très bien interprété les Deux Notaires et le Père Trinquefort. N’oublions pas un professeur du Havre, qui tenait le piano, M. Piccini, le
dernier héritier de ce grand nom.

Le produit du concert a donné 771 francs. Deux élégantes baigneuses de la société d’Etretat, mesdames Charles Azevedo et Hector Crémieux, ont fait la quête, conduites par les frères Lyonnet. Cette quête a produit 263 francs.

Offenbach, qui a fait à Etretat l’acquisition d’un terrain, n’a qu’un mot à dire pour que les pauvres, soulagés par son bon cœur, apportent chacun leur pierre et lui élèvent par enchantement une construction pittoresque.

A. Legendre.

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