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Échos de Paris

Le Figaro – Jeudi 28 décembre 1865

Je ne sais au juste où M. Harel recrute les musiciens de son orchestre.

Mais je crois qu’il les ramasse dans les cours d’alentour, le matin avant dix heures.

Comment le maëstro Offenbach a-t-il pu consentir à diriger l’orchestre des Folies-Dramatiques le soir de la première représentation de Que c’est comme un bouquet de fleurs, de M. Thiéry ?

Depuis la fameuse représentation des Bergers, il n’y a plus de première représentation possible quand Offenbach ne dirige pas l’orchestre.

Si le maëstro n’était pas au pupitre du Théâtre-Déjazet, c’est qu’il ne voulait pas contrarier l’excellent confrère qui vient, lui aussi, d’enrichir son répertoire d’une revue.

Les étrangers sont prévenus qu’ils trouveront au bureau de location du Théâtre-Déjazet un interprète parlant couramment le russe, l’anglais, l’allemand et l’auvergnat.

L’interprète du Théâtre-Déjazet rend trois langues sur dix à son confrère qui fonctionne au bureau de location du théâtre du Vaudeville.

(...)

M. Déjazet l’a compris ! Félicitons-le bien haut d’avoir consacré un rondeau à M. Auber, auquel le poète Eudoxie-Amédée de Jallais a décerné le titre de charmant compositeur.

Charmant compositeur pour l’auteur de la Muette et Fra Diavolo et de cinquante autres partitions célèbres !

Que direz-vous donc d’Offenbach ?

Ah ! je comprends à présent qu’il n’ait pas voulu diriger l’orchestre à la première représentation de Rien n’est sacré pour une revue !

D’ailleurs Offenbach n’est pas dans nos murs.

A la première nouvelle de la mort de Léopold Ier, Jacques est allé voir à Bruxelles si les Belges n’avaient pas besoin d’un roi sachant diriger un orchestre.

Les directeurs du théâtre des Variétés sont deux hommes forts.

Tandis que leur troupe voyage en province ils ont engagé un certain nombre d’aliénés des deux sexes qui viennent chaque soir chanter la Belle Hélène au théâtre des Variétés.

Tout d abord on ne s’aperçoit pas de la démence des acteurs, mais au milieu du premier acte, surexcités par le bruit de l’orchestre et le feu de la rampe, les insensés commencent à se livrer à des excentricités fantastiques.

Ainsi à propos de bottes... et de cinq minutes en cinq minutes... ils dansent le cancan. Le public, qui croit que c’est dans la pièce, rit beaucoup.

Il n’y a d’ailleurs aucun danger pour les spectateurs, car des deux côtés des coulisses on a placé des gardiens qui sauraient au besoin rendre le calme à ces malheureux fous. Après le spectacle deux voitures cellulaires ramènent ces singuliers artistes soit à Bicêtre, soit à Charenton.

Je ne saurais trop engager les étrangers qui ne peuvent se faire comprendre de l’interprète de M. Harmant à assister à une représentation de la Belle Hélène.

On remarque surtout dans cette troupe d’insensés une jolie femme qui ressemble beaucoup à Hortense Schneider et qui a des mouvements à faire frémir les avant-scènes.

Tant que cette petite folle est en scène elle ne mord pas, mais dans les entr’actes il faut lui mettre la camisole de force.

Le fou qui joue le rôle créé par Grenier appartient à la catégorie des maniaques... il se figure qu’il a perdu son nez.

Albert Wolff.

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