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Théâtres

Le Figaro – Jeudi 28 décembre 1865

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Ô Racine, toi qu’on a diffamé en te nommant bêtement le « tendre Racine ! » génie puissant et souple, qui marches l’égal de Tacite dans Britannicus ; qui dépasses de toute la hauteur d’un front inspiré Plutarque et Dion Cassius auxquels tu as emprunté le sujet de la mort du grand rival de Pompée ; Racine, homme divin, pourrais-tu le croire et devais-tu t’y attendre ? Ce Paris, devant lequel tu ne faisais jouer qu’en tremblant Phèdre ou ton Iphigénie, n’a plus d’yeux ou d’oreilles que pour Bu... qui s’avance, ou bien encore pour Que c’est comme un bouquet de fleurs ! Et pour que tu sois la victime couronnée de fleurs de ces saturnales dramatiques, dans ce cortège de bouchers en délire, voici M. Maubant qui s’avance... bant qui s’avance, frisé, grimé, drapé en roi Mithridate... Pardonne-lui, pardonne-leur, car, en vérité, ni lui ni eux ne savent ce qu’ils font !

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Une artiste jeune, jolie, charmante, Mme Frasey-Berthelier, vient de mourir. Elle avait vingt-deux ans à peine elle était mariée depuis six mois. Fort troublée par l’accident arrivé aux Bouffes-Parisiens pendant une des répétitions des Bergers, la vive émotion de Mme Berthelier détermina la maladie foudroyante, grave dès l’origine, qui l’a emportée, et contre laquelle durent de bonne heure s’avouer vaincues la tendresse des siens et les ressources de la science.

Estelle Frasey, à sa sortie du Conservatoire, débuta à la Gaîté dans la féerie de Peau d’Âne. On y applaudit au charme décent de la jeune fille, aux grâces de son visage, à sa voix fraîche et timbrée. La débutante inexpérimentée avait devant elle l’avenir : elle ne l’a plus. Un vent funeste, comme dit le poète, a touché cette beauté, cette jeunesse : Brisée ! disparue !

B. Jouvin.

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