OPÉRA-COMIQUE. – Le Voyage en Chine, libretto de MM. Eugène Labiche et Delacour, musique de M. François Bazin. – Couderc. – Montaubry. – Sainte-Foy. – Prilleux. – Mlle Cico. – Mme C. Gontié. – BOUFFES-PARISIENS. – Les Bergers, libretto de MM. Hector Crémieux et Gilles, musique de M. Jacques Offenbach. – Mlle Irma Marié. – Mlle Zulma Bouffar. – Mlle Tautin. – Berthelier. – Léonce – Désiré. – THÉÂTRE DU CHATELET. – La Lanterne magique. – Le ballet des Epoques. – Le quadrille Clodoche. – Mlle Desclauzas. – Un post-scriptum.
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Les Bergers, joués aux Bouffes-Parisiens cette semaine, sont un cadre ou, pour mieux dire, trois cadres dans une seule pièce. Prendre la bergerie au berceau mythologique la promener, avec une houlette enrubannée et des moutons frisés, à travers les paysages bleus de Boucher ; puis, sans transition et sans lui faire grâce, la jeter violemment de Boucher à Courbet, c’était une idée faite pour tenter un poète et chatouiller l’imagination d’un musicien. C’est ce qui est arrivé. MM. Hector Crémieux et Philippe Gilles, qui ont écrit cette trilogie champêtre, M. Jacques Offenbach, qui l’a mise en musique, ne pouvaient, avec leur expérience du théâtre, se dissimuler la difficulté, qui n’était pas petite, de faire tenir dans une action unique un sujet présenté par eux sous trois faces distinctes.
A la vérité, le musicien devait trouver son bénéfice où le poète allait rencontrer son dam, ou tout au moins il cédait à la tentation d’aborder trois genres bien tranchés et de changer trois fois de style dans un même opéra.
Dans le premier tableau : l’Idylle, une louve a déchiré le voile de Daphné. Myriame, son amant, la croyant morte, se poignarde. A la prière de la bergère, Eros ressuscite le berger, à son corps défendant, et rend le couple immortel. Cette bonne action est une épigramme du malin fils de Mme Vénus. L’Amour immortel ne croit pas aux immortelles amours. Il lit dans l’avenir que le tendre Myriame, devenu le libertin Colin, en contera aux marquises, et que Daphné, changée en bergère Annette, accueillera fort bien, sous son chaperon de rosière, la déclaration d’amour des beaux marquis. Mais nos deux bergers doivent descendre plus bas encore. Nicot-Colin trahira Annette-la-Rouge pour les trente écus de la Sincère, une rosière de Courbet, et Messer Cupido, raillant sa divinité et donnant sa démission d’olympien, mettra son arc et ses flèches au service des fêtes du Bœuf-Gras.
Sur ce sujet, plus mythologique que dramatique, et plus philosophique encore que mythologique, Offenbach a écrit deux jolis actes de musique, dans lesquels se rencontre un mélodiste qui n’est plus celui d’Orphée aux Enfers et de la Belle Hélène. Je citerai, au premier acte, de jolis chœurs écrits avec soin et avec élégance, un duo d’amour – la plus exquise page de la partition – et les couplets d’Eros. Quant au deuxième acte, l’acte Rococo, il me plaît d’un bout à l’autre ; il est très finement, très spirituellement pastiché sur la musiquette du dix-huitième siècle.
Reste le troisième acte. Ici faut-il m’écrier : hélas ! ou bien : holà ! plaindre les trois collaborateurs ou les malmener ? faire le procès aux auteurs de la pièce ou à l’auteur de la musique ? Il faut faire tout cela à la fois et m’en prendre à tout le monde. Jamais troisième acte ne fut, de l’introduction à l’accord final, plus complétement manqué, poème et partition. Mais enfin, vous ferez comme moi, vous irez entendre à nouveau les deux premiers actes des Bergers.
Mlle Irma-Marié chante avec un véritable talent de style les parties tendres de ses trois rôles de bergère. On ne saurait les mieux dire en vérité. Mlle Zulma Bouffar souligne avec esprit les jolis couplets de l’amour. Passe pour voir et pour entendre Berthelier en Nicot, le vacher réaliste ! Mais quelle idée, bone Deus ! de l’avoir mis dans la culotte de Colin et dans la tunique de Myriame ? Laissez faire le marquis Léonce, et je vous réponds qu’avant peu ses extravagances amusante lui feront oublier son rang, son nom et son bel habit, et qu’il ne sera pas nécessaire de lui crier, comme dans le Joueur de Regnard « Allons, saute marquis ! » Tacova, le bailli, pastiche fort plaisamment la diction de Sainville. Je vous signale Désiré, orateur disant « C’est l’heure de la Bourse ! » J’allais oublier Mlle Tautin, la bergère réaliste, et j’en eusse été inconsolable ! Son costume est un chef-d’œuvre et sa danse une épopée.
Cambon et Thierry ont brossé trois jolies décorations pour les trois époques des Bergers : un paysage mythologique, un paysage style Louis XV et un paysage réaliste. Le second a les grâces charmantes et maniérées d’une toile de Boucher.
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M. Ambroise a déroulé, pour nommer auteurs et collaborateurs de la Revue, sa liste, tout aussi longue que le fameux catalogue de Leporello dans Don Juan. Je suis devenu mélancolique à cet endroit de son petit discours au public La musique est de M. Victor Chéri. » J’avais salué au passage une foule d’airs que mon admiration ou mon plaisir avait restitués à Meyerbeer, Rossini, Mozart, Verdi, Offenbach, Hervé, etc., etc.. etc. mais ces airs-là, beaux, jolis ou seulement populaires, il ne m’était jamais venu à la pensée que M. Victor Chéri les eût faits.
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B. Jouvin.