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Gazette de Paris

Le Figaro – Samedi 30 mars 1867

La fête du Figaro

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A sept heures précises nous étions à table. Les rédacteurs du Figaro s’étaient effacés devant les douze hommes de talent qui avaient bien voulu accepter les fonctions de commissaires et dont voici les noms MM. de Saint-Georges, Adolphe d’Ennery, auteurs dramatiques ; Hyppolite Cogniard, directeur des Variétés Cham, dessinateur du Charivari, Victor Massé, Jacques Offenbach, compositeurs ; Auguste Villemot, Nestor Roqueplan, journalistes ; Bressant, de la Comédie- Française ; le statuaire Clésinger ; Faure, de l’Opéra, et le romancier Paul Féval.

(...)

Vers onze heures et, demie, les tables furent desservies en un instant afin de livrer les salons aux invités que nous attendions ! De minuit à une heure, les voitures se suivaient sous le péristyle et nous amenaient une adorable collection de dames au monde et aux arts.

Nous avions le projet de ne mettre à contribution aucun des talents présents à notre soirée, et cependant devant l’insistance de nos convives, nous ne pouvions refuser d’ajouter un petit supplément à notre programme et d’improviser un concert. Quand les dames eurent pris place, et tandis que les hommes se tenaient debout à toutes les entrées du grand salon, M. de Villemessant vint annoncer à ses invités – ce qu’il avait même caché à ses commissaires – qu’Alphonse Karr lui avait fait parvenir dans la journée une énorme caisse contenant un certain nombre de bouquets de violettes de Parme, avec prière de les offrir en son nom à nos invitées, commission dont notre rédacteur en chef s’aquitta [1] fort bien ; puis Offenbach, ayant, avec la modestie qu’on lui connaît, accepté les fonctions d’accompagnateur, se mit au piano, et le concert commença, un concert d’une demi-heure pendant laquelle nous eûmes la joie d’acclamer tour à tour la Patti, mademoiselle Nilsson, Fraschini, Faure, Gapoul, ainsi que Nadaud, qui nous a offert la primeur d’une délicieuse chanson inédite de sa composition. Ce concert mérite assurément un compte rendu détaillé dans ce journal ; mais je ne laisserai pas s’échapper l’occasion qui s’offre à moi pour remercier les excellents artistes à qui nous devons une des plus charmantes heures de notre vie.

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Après le concert, Jacques Offenbach allait se retirer du piano, quand il fut invité à improviser une ouverture pour le petit acte que Victorien Sardou avait fait répéter en cachette. Offenbach, au lieu d’improviser l’ouverture demandée, nous joua quelques morceaux choisis de la Grande Duchesse en répétition au théâtre des Variétés. Sardou frappa les trois coups après avoir distribué de ses propres mains aux dames le programme de spectacle illustré de nombreux dessins de Cham, et la première représentation de la Villa-Soleil, à propos en un acte, commença.

(...)

Albert Wolff.

[1sic

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