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Les miettes de Paris

Le Figaro – Jeudi 1er février 1866

(…)

Samedi soir.

Je suis allé, par désœuvrement, tout là-bas à Bobino, où l’on joue une revue de fin d’année qui s’appelle, je crois, V’lan ça y est !

(…) Otez aux faiseurs de revues les petits journaux et les airs d’Offenbach, et je vous déclare qu’ils ne parviendront jamais à coudre ensemble leurs dix ou quinze tableaux. (…)

La jeune femme est montée. Elle s’est assise en face de moi, un sac de cuir sur les genoux, une petite capuche bleue sur la tête, l’air fatigué, ennuyé, las. J’ai reconnu une de ces actrices qui, tout à l’heure, chantaient et dansaient à Bobino sur les airs de la Belle Hélène. Elle avait encore sur la joue son rouge mal essuyé.

(…)

___

Neuf heures.

On répète aux Bouffes Orphée aux Enfers. La pièce passera mercredi. Pas une note d’Offenbach n’a pu vieillir, et il sera curieux de comparer, la semaine prochaine, Barbe-Bleue à Orphée.

Une répétition ! Dans la salle, des auteurs, des amis, des journalistes. Mademoiselle Théric, en opinion publique, étale sur la scène un maillot opulent.

Eurydice Tautin, en costume de ville, un petit fichu sur la tête, ses cheveux dans un filet, chante ses airs à Tayau, revêtu du peplum d’Orphée. Il faut voir Léonce entrer par le fond du théâtre, en costume de ville, son chapeau sur la tête, ses lunettes bleues sur les yeux, et la clarinette du pasteur Aristée à la main. Quel succès, le soir de la représentation, s’il apparaissait ainsi, magnifique, le gibus au front !

Des figurants en costumes de l’Olympe contemplaient la répétition perchés dans les galeries. C’est la première fois que j’aurai vu des dieux au paradis.

Robert Burat.

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