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Théâtres

Le Figaro – Mercredi 29 janvier 1868

Notre collaborateur A. Rocher a parlé, dans ses Tribunaux, d’une opposition faite par un M. Courbouleux, sur les droits d’auteur d’Offenbach à l’Opéra-Comique.

Ledit Courbouleux ne s’est pas contenté de cela : il a fait aussi des oppositions chez les éditeurs de musique.

L’autre jour, au Casino de Nice, Offenbach jouait au piquet… Il gagnait, il gagnait toujours !… La partie terminée, son partenaire voulut le payer :

– Non, non, pas ici ! dit vivement le maestro ; si Courbouleux vous voyait !…

Voilà la vérité sur cette affaire :

Offenbach a répondu pour un de ses gendres, mais le créancier réclame plus qu’il ne lui est dû. Il y a procès, et, en attendant l’issue de ce procès, M. Courbouleux s’amuse à former des oppositions.

Le maestro ne demande pas mieux que de déposer une somme en garantie, mais le créancier grincheux de son gendre a préféré faire du bruit.

Tels sont les faits.

Toutes ces oppositions vont rendre un grand service au compositeur en vogue : elles forment une masse dans tous les coins, et, le procès fini, elles seront le commencement de ses économies.

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Puisque nous parlons d’Offenbach, nous sera-t-il permis de donner une idée à MM. de Leuven et Ritt ?

Pourquoi ces messieurs, imitant en cela les Variétés pour le Pont des Soupirs, et les Menus-Plaisirs pour Geneviève, ne montent-ils pas, à l’Opéra-Comique, la Chanson de Fortunio, cette perle ?…

La Chanson de Fortunio a été jouée à Berlin pour la fête du roi, et chantée par la tête de la troupe, mesdames Pauline Lucca, Artot, etc…

Voyez-vous cette délicieuse petite pièce interprétée ainsi :

Mme Fortunio Mmes Marie Gabel.
Valentin Galli-Marié.
Le petit clerc MM. Couderc.
Fortunio Sainte-Foy.

Cela aurait deux cents représentations de suite.

Dimanche soir, les Menus-Plaisirs ont fait, avec Geneviève de Brabant, 3,200 fr. de recettes. La location dépassait 2,000 fr. et plus de 300 personnes n’ont pu trouer de places.

La chanson des gens d’armes a été dite trois fois à la demande du public.

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Les fauteuils d’orchestre vendus 4 fr. au bureau du théâtre coûtent 12 fr. aux agences, et celles-ci en refusent chaque jour, le nombre dont elles disposent ne suffisant pas aux demandes.

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Il est presque inutile, en présence d’un pareil succès, de démentir une fausse nouvelle qui a fait le tour des autres journaux, et est allée à Nice surprendre grandement Offenbach.

Nos confrères ont annoncé, avec un touchant ensemble, la reprise et la mise en répétition, aux Menus-Plaisirs, de MM. Dunanan père et fils

C’est trop de zèle, en vérité.

Rien n’est encore décidé au sujet de cette reprise et on ne songe nullement à répéter quoi que ce soit chez M. Gaspari.

Il n’y a pour l’instant que Geneviève qui soit… du nanan.

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Aussi, les deux théâtres rivaux de Bruxelles celui de la Monnaie et celui des Galeries Saint-Hubert, vont monter concurremment la pièce d’Offenbach.

M. Letellier, le directeur de la Monnaie, est venu à Paris avec son décorateur et son costumier, et ces messieurs ont, pendant deux jours, étudié toute la mise en scène.

D’autre part, le Théâtre-Français de Bordeaux sollicite l’autorisation de jouer seul la pièce et celui de Reims la répète déjà.

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Après Geneviève de Brabant, c’est-à-dire vers le mois de mai, M. Gaspari donnera un spectacle coupé, puis il fermera pendant deux mois de l’été et profitera, sans doute, de cette fermeture pour améliorer encore sa salle, l’exhausser et construire des galeries.

Jules Prével.

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