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Au PALAIS-ROYAL on répète la Vie parisienne, opérette en cinq actes, des auteurs de la Belle Hélène et de Barbe-Bleue : MM. Meilhac, Ludovic Halévy et Offenbach. Le maestrino est fort occupé à transformer Hyacinthe, Gil-Pérez, Priston, Lassouche et Mme Thierret, en chanteurs virtuoses. Voici d’ailleurs la distribution complète des rôles :
Le Brésilien, le major, Frick, Brasseur ; — le baron, Hyacinthe ; — Bobinet, Gil-Pérès ; — Alfred, Luguet ; — de Gardefeu, Priston ; — Urbain, Lassouche ; — Gabrielle, Mmes Zulma Bouffar ; — Métella, Honorine ; — la baronne, C. Montalant ; — Mme de Quimper-Karadec, Thierret ; — Pauline, Paurelle ; — Mme de Folle-Verdure, Massin.
Quand la Vie parisienne aura commencé ses tourbillons, MM. Meilhac, Ludovic Halévy et Offenbach, se transporteront, toujours inséparables, au Châtelet, pour y préparer la grande féerie orientale : Haroun al Raschid. Quand l’immortel calife de Bagdad sera bien intronisé au Châtelet, MM. Ludovic Halévy, Meilhac et Offenbach auront à se rendre aux Variétés, afin d’y monter une bouffonnerie nouvelle en trois actes, pour laquelle il y a contrat signé. Peut-être MM. Meilhac, Ludovic Halévy et Offenbach ont-ils encore quelque autre pièce sur le chantier, mais nos renseignements s’arrêtent là.
Il est certain que si M. Offenbach voulait donner aussi un ouvrage aux Bouffes-Parisiens, ceux-ci ne se feraient pas prier pour l’accepter ; mais le maestrino, si prodigue maintenant pour les grandes scènes, tient toujours rigueur au théâtre qu’il a créé. Il a interdit absolument les Bavards, qu’on parlait de reprendre ; mais M. Clairville, son librettiste pour Daphnis et Chloé, ayant refusé décidément d’entrer dans tous ces différends, Daphnis a pu revoir le jour de la rampe, et Mme Ugalde a fait une création ; car franchement c’en est une. Elle chante d’une autre voix et d’un autre style que Mlle Juliette Beau, la Daphnis d’occasion de 1860 ! Quelle verve, avec quelle autorité ! quelle largeur de style, avec quelle fantaisie endiablée ! Aussi l’a-t-on bien applaudie, bissée et rappelée. Le rôle de Chloé est dévolu à Mlle Milla, qui jusqu’ici n’avait jamais chanté, je crois, que les couplets de vaudeville et de féerie : aussi sa voix à-t-elle manqué d’aplomb dans le registre aigu ; mais la comédienne est avenante. Léonce est amusant dans le personnage du dieu Pan. Cette partitionnette mythologique n’est pas dans le style bouffon d’Orphée aux enfers ; elle est semi-sérieuse et se permet un peu de grâce à travers ses joyeusetés.
Le directeur des Bouffes-Parisiens vient de recevoir un opéra-comique en deux actes, dont les paroles sont de M. Emile Goby, et la musique de M. Th. Ymbert. Cette pièce, dont le principal rôle sera rempli par Mme Ugalde, va être immédiatement mise à l’étude, pour passer après les Chevaliers de la Table-Ronde. La direction Varcollier, qu’on disait coudamnée à mort par les rigueurs de M. Offenbach, nous paraît, au extraire, singulièrement vivante.
GUSTAVE BERTRAND.