On nous écrit de Dieppe :
« L’ouverture du théâtre du Casino a eu lieu hier. L’assemblée était d’autant plus nombreuse que chacun voulait voir la salle dont aucune des anciennes dispositions n’a été conservée. Rien de plus coquet et de plus confortable en même temps que cette jolie bonbonnière dont l’arrangement fait le plus grand honneur à M. Lemoine, un architecte dieppois dont la place serait à Paris.
» On a beaucoup admiré, quatre trumeaux dans lesquels Haquette a fait la gracieuseté à son ami M. Bias de peindre des enfants qui tiennent des instruments de musique. Le jeune peintre a mis la toute la grâce et toute la vigueur que l’on retrouve dans toutes ses œuvres.
» On donnait la Belle Hélène. L’amusante pièce de Meilhac et Halévy a été enlevée avec une verve endiablée par les artistes. Mengal-Calchas, Gourdon en roi des rois, et Mesmaker, le plus drolatique Ménélas qu’il y ait eu peut-être, on eu un succès de fou rire.
» Gaussins et Mlle Preziosi ont chanté avec esprit la spirituelle musique d’Offenbach. Il y avait pour Mlle Preziosi qui vient de jouer en vrai garçon, cent cinquante fois de suite, tant à Bruxelles qu’à Paris, le lieutenant Wladimir de Fatinitza, un véritable écueil à reprendre les rôles de femme par celui de la belle Hélène, si gros de souvenirs. La jeune artiste est sortie victorieuse de cette rude épreuve. Elle a prouvé qu’elle était non-seulement bonne chanteuse, mais aussi bonne comédienne. Pour nous résumer en deux mots : succès sur toute la ligne. Deltombe avait monté la pièce en huit jours ; un vrai tour de force.
» Vendredi prochain, Giroflé-Girofta, pour les débuts de Mlle Lentz, qui a quitté les Folies-Dramatiques pour Bordeaux et Marseille, où elle a laissé de véritables regrets, du ténor Audran qui, lui, avait quitté Paris pour Toulouse, et du baryton Marquetti, que M. Koning vient d’engager à la Renaissance. »
Jules Prével.