Bouffes-Parisiens. – Concert Pasdeloup
Pour une œuvre qui fut applaudie, c’est une épreuve dangereuse que celle d’une d’une [1] reprise. C’est même l’épreuve sérieuse et vraie de sa valeur.
En ce moment, et sans qu’on ait besoin de vanner, le bon grain se sépare de l’ivraie. Ce qui est vraiment joli et bon charme comme au premier jour. Ce qui est ordinaire et ne doit son succès qu’à la surprise et à l’engouement d’une heure laisse froid et comme étonné. Et alors on se dit : « Ce n’était que cela ? »
Fortunio restera à la fois le modèle des libretti bouffes et l’étalon du talent d’Offenbach. Il a mis dans cette partition sa verve intarissable, sa grâce enjouée, son esprit fin, sa larme discrète. Il a fait de Fortunio la Table des manières de ses nombreuses compositions. Aussi, toute débutante tient-elle a honneur de chanter ce rôle, comme tout comédien entrant aux Français joue Tartuffe. C’est une épreuve d’autant plus difficile que cette tache paraît plus simple. Valentin a peu à faire, mais tout ce qu’il fait doit être complet. Il doit savoir chanter jouer et plaire. Mlle Perrier possède ces qualités, surtout la première, elle chante à merveille, sa voix est petite, mais très pure et excessivement juste. C’est une artiste au dessus de l’ordinaire.
Désiré, le seul, le toujours Désiré est revenu à son poste, toujours gai, hilarant roulant ses gros yeux terriblement comiques. Bâche est remplacé par Bonnet qui a enfin trouvé sa place et qui j’espère y restera, quoiqu’il me semble de nature fort nomade. Mlle Fonti, la femme de maître Fortunio est une belle blonde dont je vais parler tout à l’heure.
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Jean qui pleure, etc., etc., : appartient au genre paysannerie comme poëme et au genre cherché comme musique. Les effets comiques de la pièce consistent, à tomber par terre, marcher lourdement ou parler paysan ; les effets musicaux consistent dans des hi-hans, car il est à noter que tous les compositeurs lorsqu’ils font chanter des paysans, les font braire en quelque sorte. Dans un ou deux morceaux, cependant, Offenbach se recueille et c’est ainsi qu’il écrit la jolie valse qui sert d’air à boire. Mlle Fonti tire de ses deux rôles tout ce qu’elle en peut tirer. En Jeanne, elle est gracieuse et élégante, en Jean elle est vive et hardie, sa voix est jolie et, habilement conduite, elle chante bien et tient bien la scène.
Un débutant, M. Lanjallay, montre beaucoup de rondeur dans le rôle de Cabochon fils.
Passer d’Offenbach à Joachim Raff, il y a, plus loin que des Bouffes au Cirque Napoléon. (...)
Eugène Tarbé.